La folie des grandeurs

Je regardais récemment un documentaire du National Géographic sur les chevaliers de l'Ordre du Temple [1]. On évoque que ces moines combattants ont acquis de grandes richesses lors des deux siècles de leur existence. Des commanderies, de l'or, des fermages, des abbayes... Tout cela faisait d'eux l'une des premières puissances d'Europe, devant la plupart des pays [2]. Comme les moines faisaient vœu de pauvreté, il leur était interdit de posséder en leur nom propre quelque richesse que ce soit : tout appartenait à l'Ordre.

Le narrateur explique ensuite que les Templiers ont participé à l'édification de cathédrales. Ainsi la plupart des monuments religieux d'importance construits à partir du XIIème siècle et jusqu'à la fin du XIIIème ont vu le concours de l'Ordre. L'une d'elles, la cathédrale de Chartres aurait coûté près d'un milliard de dollars d'aujourd'hui... Ça laisse songeur...

---
[1] Appelés ainsi car ils avait établi leur quartier général dans les ruines du Temple de Salomon.
[2] Dont la France. Le roi Philippe IV le Bel les fera arrêter sous prétexte d'hérésie. Cependant, il leur devait aussi de l'argent.

Protectionnisme et lobbying, recette perdante

Au début des années 60, la course à l'espace bat son plein. Les Etats-Unis et l'Union Soviétique s'affrontent, par fusées interposées, pour toujours repousser plus loin les limites de de l'exploration de cet immense territoire glacial et sombre.

Alors qu'elle s'apprête à envoyer ses premiers astronautes dans l'espace, la NASA demande à Bulova, une entreprise horlogère américaine, d'équiper les capsules d'instruments de mesure du temps. A cette époque, le directeur de Bulova n'est autre que l'ancien général Omar N. Bradley, ancien commandant des forces américaines lors du débarquement de Normandie de juin 1944 [1].

Pourtant en 1962, l'un "Original Seven" [2], Walter Shirra décide d'emporter dans l'espace sa montre  personnelle, le temps de la mission Mercury 8 [3]. Cette montre une Omega Speedmaster [4] servira d'horloge de secours aux instruments de bord Bulova. Quelques temps plus tard, son camarade, Gordo Cooper teste, lors de la dernière mission Mercury, deux gardes-temps : l'Omega Speedmaster et la Bulova Accutron, l'une des premières montres électroniques au monde [5]. La première lui servit à mesurer le temps d'allumage des rétro-fusées lors de son retour sur Terre.

Dans le vide


La nécessité de disposer d'instruments de mesure fiables s'avère alors cruciale pour que les hommes à l'intérieur des capsules puissent accomplir leur mission. Le temps des premières sorties extra-véhiculaires approche et la NASA doit fournir aux astronautes des montres-bracelets capables de subir des variations de températures extrêmes ainsi que des pressions très basses [6].

Deke Slayton [7], alors directeur des opérations de vol, demande aux ingénieurs de l'agence de sélectionner des chronographes capables de résister aux dures conditions de l'espace. Les techniciens se rendent alors chez Corrigan's, un revendeur de Houston [8]. Ils y achètent toute une gamme de montres parmi lesquels des Rolex, Longines, Hamilton [9], Bulova et Omega. Au total dix marques sont retenues. En septembre 1964, il n'en reste plus que six. A ce stade de la sélection, la NASA leur fait parvenir un appel d'offres officiel aux fabricants [10].

Un chronographe Omega Speedmaster qualifié pour une mission Apollo.

A la fin de la très longue phase de tests, seule la Speedmaster sort victorieuse, n'ayant à déplorer que la défaillance de la luminescence de son cadran et quelques retards acceptables au regard des dures conditions qu'elles ont dues affronter. Les autres candidates dont la Cosmograph Daytona de Rolex - qui s'est arrêtée deux fois - ont toutes échouées aux redoutables tests auxquels la NASA les a soumises [11].

Supériorité suisse


Malgré ces résultats éclatants, de nombreuses voix se font entendre dans l’industrie horlogère américaine, notamment de la part de Bulova. Pour Bradley, son président, il est inconcevable que la première montre à être portée sur la Lune soit suisse. L'entreprise exerce donc des pressions sur la NASA et sur le Congrès afin d'obliger les astronautes à porter des montres de fabrication américaine. Et ce malgré le fait que Bulova ne produise pas de chronographes pourtant indispensables à la mesure du temps dans l'espace. Certains sénateurs s'en mêlent également et sont présents à des réunions auxquelles participent des dirigeants de la NASA et ceux de l'industrie horlogère américaine. Oubliant, au passage, les nombreux conflits d'intérêt [12]...

La Bulova Accutron n'ayant pas réussi les tests, elle ne peut décemment pas être choisie pour être portées par les astronautes du plus plus ambitieux programme spatial de l'histoire. Cependant, Bulova se voit confiée la réalisation des horloges de bord. Le 1er mars 1965, le chronographe Speedmaster est officiellement sélectionné par l'agence spatiale américaine pour équiper les astronautes des projets Gemini et Apollo. Pour les sorties dans l'espace, un bracelet en velcro était utilisé et la montre était portée à même la combinaison spatiale. Chaque astronaute en reçoit une. La montre effectue son baptême de l'air officiel quelque jours plus tard à bord de Gemini 3. Le 3 juin, Edward White arbore la montre lors la première sortie extra-véhiculaire d'un Américain lors de la mission Gemini 4 [13].

Deux événements historiques feront définitivement entrer la Speedmaster dans l'histoire de la conquête aérospatiale. Le premier a lieu le 21 juillet 1969. Le LEM Eagle vient de se poser sur le sol lunaire. Quelques heures plus tard, Neil Armstrong devient, à cette occasion, le premier homme à poser le pied sur notre satellite. L'Accutron qui servait de garde-temps pour la capsule tombe en panne ce qui oblige l'astronaute à laisser sa Speedmaster à bord [14]. C'est donc celle d'Aldrin qui devient la première à jamais avoir affronté les conditions lunaires [15]. La réputation du chronographe suisse était faite. Constatant la défaillance de Bulova, la NASA décidera même de remplacer les horloges de bord par celle du fabriquant à la lettre grecque...

Le fameux Silver Snoopy Award daté du 5 octobre 1970.

Le deuxième a lieu un peu plus d'an plus tard lors de la célèbre mission Apollo XIII. Cette fois-ci la montre fut mise à rude épreuve : elle servit à mesurer la durée exacte pendant laquelle les réacteurs du LEM devait être allumés afin de ramener les astronautes sur Terre. Et elle y réussit. Pour cela, on lui décerna le Snoopy Award [16].

Le lobbying en marche


La dernière mission du programme Apollo est prévue pour décembre 1972 [17]. Voyant la date approcher à grands pas, Bulova déploie les grands moyens pour ne pas être écartée de cette page d'histoire. D'autant plus que l'homme, américain ou non, n'est certainement pas prêt d'y retourner tant les ambitions spatiales sont frappées de réductions budgétaires. Pour protester contre le manque de patriotisme dans le choix des montres portées par les astronautes, elle fait parvenir des lettres à la Maison Blanche.

Finalement, la firme américaine arrive à ses fins et convainc l'administrateur de la NASA, James Fletcher, de choisir un nouveau fournisseur officiel. Mis au courant les astronautes, principaux intéressés par ce changement, préviennent qu'ils continueront à porter une Speedmaster, "au cas où".

En août 1972, la NASA lance un appel d'offre pour le choix d'un nouveau garde-temps en vue de l'ultime mission Apollo. Plusieurs marques de montres répondent à la sollicitation de l'agence. Omega et Bulova sont de nouveaux présentes. Rolex, le Japonais Seiko, Breitling, Longines, Heuer [18] et Hamilton aussi. Voulant absolument remporter le contrat, la firme américaine a, cette fois-ci, insisté auprès de la NASA pour que l'instrument désigné réponde aux normes du Sénat en matière de législation. Ainsi, dans son choix, l'agence devra tenir compte du Buy American Act, une loi votée en 1933 sous l’administration Roosevelt [19], stipulant que 51% du produit doit être fabriquée sur le sol américain. Malgré cette loi inique, les constructeurs sont prêts à jouer le jeu.

Omega justifie son respect de la loi en prétextant que l'acier de ces boîtiers provient de son usine de Luddington dans le Michigan. C'est aussi à cet endroit que les verres, d’origine suisse, sont assemblés. Le tout est inspecté aux Etats-Unis avant que le mécanisme soit emboîté à la maison mère à Bienne [20]. De son côté, Bulova part avec un handicap non négligeable puisqu'à l'époque la firme ne fabrique pas de montres chronographes. Elle se contente d'en acheter de fabrication suisse via une filiale en Europe, Universal Geneve. Une fois acquis, la marque américaine les démonte avant de les ré-assembler dans un boîtier de sa propre conception. Arguant avoir dépensé 23 000 dollars en recherche et développement sur le sol américain pour ce nouvel habillage, elle réussit, de cette manière, à contourner le Buy American Act...

De nouveau, les montres sont éptrouvées par les ingénieurs de la NASA. En novembre 1972, les résultats sont publiés. Les montres Bulova ont encore échouées, ne passant pas les tests d'humidité et d'accélération. Par conséquent, l'agence spatiale décide de continuer à utiliser les calibres Omega.

Épilogue


On pourrait croire que l'histoire s'arrête là. Et pourtant non. Dès 1976, l'offensive du constructeur américain reprend de plus belle. Bulova souhaite ardemment fournir la NASA pour les horloges de la navette spatiale, dont le programme est bien entamé. Le sénateur de l'état de New-York, Jacob Javits, contacte lui-même l’administrateur de la NASA pour qu'il organise une nouvelle sélection d'instruments. Signe de la détermination, le délais est repoussé plusieurs fois pour permettre à Bulova de participer... En septembre 1978, le cahier des charges est publié et diffère peu des précédents : une montre-poignet susceptible de résister aux difficiles conditions de l'espace. Omega et Bulova sont à nouveau en compétition [21]. Pour la troisième fois. La NASA dit qu'à résultats égaux elle achètera la moins chère des montres.

La firme américaine propose une solution pour $ 1 pièce. Les résultats sont sans appel : aucun des modèles ne réussira à passer les tests. Pire, les défauts relevés sur les montres précédentes n'ont pas été résolus... A nouveau, la Suisse triomphe. Avec le même modèle de montre qu'en 1962 et vendu cette fois-ci à la NASA pour $ 0.01 pièce... 56 furent acquis par l'agence. Pas la peine d'en rajouter. Ainsi en 1981, lors de la mission initiale de la navette spatiale, STS 1, le commandant John Young arborait le calibre Omega

Pendant plus de 20 ans, donc, la marque suisse a participé aux plus belles heures de la conquête spatiale américaine, réussissant à chaque fois à supplanter ses adversaires pourtant bien aidés par les pouvoirs publics américains.

Pour terminer sur le sujet, il est notable d'ajouter que la montre suisse équipa aussi les équipages russes. Ainsi en 1975, lors du fameux rendez-vous entre les deux frères ennemis, le chronographe Omega était employé par les deux parties [22]. Comme leurs homologues américains, les Russes firent le choix du calibre Lemania [23]. Depuis 1989, les cosmonautes lui sont restés fidèles et elle fut utilisée avec succès sur la station Mir... Tout simplement indétrônable...

---
[1] Surnommé le "Général GI", il fut le dernier à arborer cinq étoiles sur ses épaules. Il est à l'origine de la Percée Cobra qui ouvrit aux alliés les portes de la Bretagne et de la fameuse proche de Falaise.
[2] Le premier groupe de la NASA. Composé de Scott Carpenter (1925-2013), Gordon "Gordo" Cooper (1927-2004), John H. Glenn (1921-), Virgil "Gus" I. Grissom (1926-1967), Alan "Al" B. Shepard (1923-1998), Donald "Deke" K. Slayton (1924-1993) et donc de Walter Schirra (19247-2007). Pour son premier (et unique) vol dans l'espace, il est à noter que Carpenter porta une Breitling Navitimer.
[3] La capsule Mercury fut la première à transporter un Américain dans l'espace.
[4] Originalement créée en 1957, cette montre est purement mécanique.
[5] Elle dispose d'un mécanisme dit de "diapason". Plus d'informations à ce lien.
[6] La température dans l'espace est de 3K. Cependant, elle varie rapidement selon l'exposition au soleil.
[7] Membre du premier groupe d'astronautes de la NASA, il vola seulement en 1975 lors de la mission Apollo-Soyouz.
[8] L'agence fit l’acquisition de 12 montres au prix de US$ 82.50 pièce (lien). A comparer au prix actuel de CAN$ 4500 (hors taxes) que l'on m'a proposé...
[9] Marque originellement américaine rachetée par la SSIH en 1959. Elle est aujourd'hui la propriété du groupe Swatch.
[10] Les premiers tests ont été réalisés sans en informer les fabricants.
[11] Parmi ses tests, on trouve des expositions à de hautes et basses températures, au quasi-vide absolu, à de l'oxygène pur, ainsi que la résistance aux chocs, aux fortes accélérations, décompressions soudaines...
[12] Par exemple le fait que l'ancien assistant au Secrétaire à la Défense soit devenu conseille juridique chez Bulova...
[13] Aucun problème n'est à déplorer.
[14] Lors de son transfert à l'Institut Smithsonian, cette montre a malheureusement disparu.
[15] Aujourd'hui, la montre se trouve dans les coffres de la NASA...
[16] Cette récompense distingue les collaborateurs ou contractants de la NASA qui ont aidé à sauver la vie du personnel naviguant.
[17] Apollo XVIII. Vingt missions étaient prévues à l'origine. Les trois dernières ont été annulées faute de financement.
[18] Qui ne s'appelait pas encore TAG Heuer à l'époque. Ce nom fut introduit après le rachat de Heuer par TAG en 1985.
[19] Pour relancer la production industrielle américaine après le Krach de 1929. Grande réussite...
[20] Bienne est une ville suisse située dans le canton de Berne. La ville constitue le siège social de plusieurs grandes marques d'horlogerie.
[21] Omega présenta 3 modèles. La Speedmaster passa avec succès les tests. Je n'ai pas d'informations sur les résultats des deux autres.
[22] Le fameux rendez-vous Apollo-Soyouz.
[23] Le calibre mécanique qui équipe la Speedmaster. Décliné en plusieurs versions, c'est le 321 qui équipa les montres lunaires. Aujourd'hui, les montres sont pourvues du 1861.

Le catalyseur

Je les ai revus. Une overdose. Un marathon. Les huit films mettant en scène le personnage de Harry Potter, le jeune sorcier créé voilà une petite vingtaine d'années par le romancière anglaise J.K. Rowling. Même si je ne suis pas un fan de l'histoire, je la trouve suffisamment originale pour en avoir lu les livres.

Le concept de base est simple. Un jeune garçon découvre à l'âge de 10 ans qu'il est doté de pouvoirs magiques, lui permettant de plier la réalité à sa volonté. Plus fort, il est le rescapé d'un massacre qui a vu la mort de ses parents alors qu'il n'était encore qu'un bébé. Accompagné de ses amis Hermione Granger et Ron Wheasley, Potter affrontera tout au long des sept tomes que compte la sage le terrible "Seigneur des Ténèbres", Lord Voldemort. Alors que les pouvoirs de ce dernier se renforcent, le jeune sorcier devra trouver le moyen de défaire cet ennemi et faire triompher le bien. Une fois de plus.

Pourtant au regard de la construction de l'histoire, je reste convaincu que Potter n'est en rien le personnage clé de l'intrigue. Pour moi, il n'en est qu'un catalyseur, un accélérateur [1]. Je m'explique. C'est son arrivée dans le monde de la magie qui précipitent les événements, qui révèlent le dessein de chacun des protagonistes. Sans lui, le statu quo aurait pu durer encore longtemps.

Non pour moi, le véritable personnage important de l'histoire est Severus Rogue [2], l'un des professeurs de Poudlard [3]. Et cela s'explique au regard des secrets qu'il confie au héros à la fin du septième tome. Car c'est lui et non un autre qui donne à Potter la solution pour vaincre "Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom" [4]. 

Quand elle a imaginé l'histoire, Rowling était consciente de l'importance de ce personnage. Du moins je ne peux pas imaginer le contraire. Et la meilleure preuve de ce cela est que l'acteur qui a interprété Rogue au cinéma, Alan Rickman, était le seul à connaître la fin de l'aventure avant même la sortie des derniers volumes.

Il reste, par ailleurs, que ces personnages sont assez courants, que ce soit dans la littérature ou sur grand écran. Ainsi, peut-on rapprocher Rogue de Dark Vador par exemple, lui même bras droit d'un autre Seigneur Noir [5]. Ils ont en effet bien des points communs, dont celui d'avoir succombé à la tentation du mal afin de sauver un être cher... Cependant, leur bonté d'âme se révélera aux ultimes moments de l'histoire, alors qu'ils sont à l'agonie. Ils préféreront se sacrifier plutôt que de voir des innocents mourir. La morale est sauve : les gentils sont saufs, les méchants morts.

---
[1] Concept aussi utilisé en chimie.
[2] Severus Snape dans la version originale.
[3] L'école des sorciers.
[4] Autre nom du méchant...
[5] Dark Sidious, devenu par la suite l'Empereur dans la saga Star Wars.

Boston Tea Party (1)

Un symbole. Une révolte. Un acte de résistance. Voilà comment on pourrait résumer en quelques mots l'un des événements qui fut à l'origine de la Révolution et de la Guerre d'Indépendance américaine [1]. Ce jour de décembre 1773, provoqua une rupture irrémédiable entre les colons et leur autorité suprême, la couronne britannique. Encore aujourd'hui, l'événement est encore très présent dans l'imaginaire collectif américain tant et si bien que le mouvement du Tea Party s'en inspira en 2010, pour faire bouger les lignes du parti républicain [2].

Les suites de la Guerre de Sept ans


Mais pour mieux comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir quelques années auparavant. Politiquement, les colons habitant les treize colonies sont sous l'autorité du Parlement britannique. Leur loyauté envers la couronne est sans faille. Pourtant leur statut est particulier puisqu'ils ne possèdent pas de représentants à Londres. Bien souvent, donc, Westminster prend des décisions sans les consulter au préalable, notamment en matière fiscalité. Les colons objectent que la Bill of Rights [3] interdit au Parlement de voter de nouvelles taxes à des populations non représentées. Cependant, les représentants balaient d'un revers de la main cet argument mettant en avant leur représentation virtuelle.

L'un des premiers épisodes de la confrontation entre les colons et le gouvernement a lieu en 1764. La guerre de la Conquête vient de se terminer l'année précédente [4] et l’administration royale a besoin d'argent pour financer des forces de sécurité sur place d'autant plus que le territoire s'est agrandi [5]. L'armée a besoin de 10 000 hommes supplémentaires. Et la dette contractée pendant le conflit doit être remboursée [6]. Le Parlement décide donc de lever un nouvel impôt sur le sucre afin d'assurer de nouvelles rentrées fiscales. Cette politique poursuit la volonté du Royaume à la fois monopolistique et mercantiliste [7]. Après tout, le conflit qui opposa l'Angleterre à son ennemi héréditaire, la France, a coûté la vie à de nombreux soldats anglais et il est donc tout à fait naturel que les colons participent à l'effort de guerre alors que l'armée anglaise les a protégée de l'envahisseur. Quelques jours seulement après le vote de la loi, le Parlement interdit aux colonies d'émettre leur propre monnaie [8] : seule la livre sterling aura dorénavant cours légal sur le sol américain. Une fois mis au courant de ces deux lois, les colons les contestent vigoureusement. Cependant, le Parlement choisit d'ignorer ces revendications.

Le gouvernement comprend rapidement que le Sugar Act est un échec : les objectifs de recettes recettes fiscales ne sont pas atteints. La faute à la contrebande et au marché noir qui s'organisent au nez et à la barbe des autorités. Qui plus est, la loi pénalise fortement le commerce du sucre avec les colonies créant même des pénuries localement [9]. Constatant cela, George Grenville, alors Premier Ministre [10] décide dès l'année suivante d'instituant des timbres fiscaux qui seront désormais obligatoires sur tous les documents officiels - journaux, testaments, permis, etc. - circulant dans les colonies [11]. Les protestations reprennent.

Les Fils de la Liberté


Mais cette fois-ci, les colons ne baissent pas les bras. L'une des premières initiatives est à mettre à l'actif d'un avocat de Virginie, Patrick Henry [12]. Ce dernier appelle à la désobéissance civile, soulignant que des taxes sur les colonies ne pouvaient venir que des leurs représentants élus. La résistance s'organise peu à peu et de multiples associations commencent à voir le jour. Elles prennent le nom de Fils de la Liberté [13]. Leur mouvement se radicalise rapidement : les colons provoquent à plusieurs reprises l'armée qui répond alors en chargeant sur la foule, baïonnette au poing...

En octobre 1765, à l'initiative de James Otis un avocat du Massachusetts, des délégués de neuf des treize colonies se réunissent au Federal Hall [14] à New-York. Sous l'égide de John Dickinson, l'assemblée rédige et signe la Déclaration des Droits et Griefs [15]. Des pétitions et des lettres sont ensuite envoyées au roi et au Parlement pour demander le retrait du Stamp ActDevant la détermination des colons et le boycott des produits britanniques, le Sugar Act et le Stamp Act sont finalement abrogées en 1766 [16]. Mais la détermination du gouvernement reste intacte : l'état a toujours besoin d'argent.

Le conflit s'envenime


Pour tenter de remettre d'aplomb les finances, le chancelier de l'échiquier Charles Townshend [17] fait voter une série de lois entre 1767 et 1768. Connues sous le nom de Townshend Acts, c'est un ensemble de cinq textes. L'idée du ministre est de taxer les importations de produits anglais parmi lesquels, le papier, le verre ou encore le thé - c'est le Revenue Act. Le gouvernement pense - à tort - que les colons trouveront ces taxes plus légitimes. En plus de cette taxe, un bureau de douane, établi à Boston et sous l'autorité de Londres, contrôle l'entrée des marchandises sur la façade atlantique. C'est par ce port qu'entre le thé, dont le commerce est assurée par la Compagnie anglaise des Indes Orientales [18]. Pour lutter contre la contrebande, le thé subit une détaxe - Indemnity Act - à son entrée sur le sol des colonies.

La réaction des colons ne se fait pas attendre. Le boycott des produits britanniques et la contrebande s'amplifièrent. James Otis, déjà à l'oeuvre lors du Stamp Act, sera à l'origine d'un slogan repris par les protestataires : "No Taxation without Representation" [19]. Un événement, symbolique, viendra amplifier leur colère : à l'été 1768, le sloop de John Hancock [20] est confisqué par les douanes britanniques. Il violerait, selon les autorités, les lois en vigueur. En réaction à cet acte, les colons décident de prendre d'assaut les bureaux de Boston [21]. Des troupes sont dépêchées en renfort pour ramener le calme dans la ville.
Iconographie représentant le Massacre de Boston (1770) 

La tension ne cesse de monter entre les deux parties et le 5 mars 1770, une manifestation à Boston tourne mal : cinq colons sont tués. Le "Bloody Massacre", comme il est nommé [22], renforce la rancœur des habitants contre le pouvoir royal. Devant l'échec des lois et les morts de Boston, le Parlement fait une nouvelle fois marche arrière, abrogeant le cortège de lois. Seule une taxe sur le thé reste instituée... Au lieu d'apaiser les esprits, cette reculade du gouvernement est vue comme un encouragement par les colons. Ces derniers poursuivent leur mouvement contre l'autorité royale.

Dernier act(e)


Suite au boycott organisé par Hancock, entre autres, la Compagnie anglaise des Indes Orientales voit ses ventes s'effondrer. Les dettes commencent à s'accumuler et son avenir apparaît donc de plus en plus incertain. 

Afin d'aider la Compagnie, le Parlement fait voter une dernière loi, le Tea Act en mai 1773 afin de soutenir les ventes : elle peut, contrairement à ses concurrents, vendre son thé sans payer de taxes. Résultat, les marchands sont contraints de faire faillite, ne pouvant rivaliser avec les prix proposés par le monopole royal. La colère des Américains reprend de plus belle. Les marins de la compagnie sont passés au supplice du goudron et des plumes. John Dickinson appelle en représailles au boycott pur et simple de la Compagnie.
Pièce commémorative du bicentenaire de la Partie de Thé de Boston (1973).

En décembre 1773, six navires, battant pavillon de la Compagnie, arrivent en vue de la côté américaine. Trois d'entre eux ont respectivement comme destination New-York, Philadelphie et Charleston ; les trois autres font route vers Boston. Les colons refusent l'entrée aux bateaux à l'entrée des deux premiers ports, tandis qu'à Charleston, la cargaison est déchargée et le bateau mis en réserve [23]. A Boston, la situation est plus tendue. Bien qu'ancrés au port, les vaisseaux se voient empêcher le débarquement de leur marchandise. Un bras de fer s'engage alors entre les colons et Thomas Hutchinson, le gouverneur de la colonie du Massachusetts, un loyaliste. Celui-ci interdit aux bateaux de repartir tant que la cargaison n'est pas à terre. Après quelques jours de flottement, des membres des Fils de la Liberté montent à bord des navires le 16 décembre, déguisés en indiens Mohawks [24]. Ils jettent à l'eau environ 45 tonnes de thé, pour une valeur de 10 000 £. Une fortune venait de s’envoler, suscitant la colère des autorités britanniques et du roi.

Vers la guerre


Ce dernier promulgue quatre nouvelles lois [25], nommées Intolerable Acts [26]. La première est une réponse directe à l'épisode de Boston et consiste à fermer le port tant que la Compagnie n'a pas été indemnisée des dégâts provoqués par les insurgés. Certains droits des colons sont désormais fermement encadrés [27] et les procès mettant en cause des soldats britanniques pourront désormais se dérouler en Angleterre, si on estime qu'il pourrait ne pas être équitable [28].

La guerre est désormais inévitable. Aucune des deux parties n'est prête à reculer sur ses positions et ses prétentions. Les premières escarmouches ont lieu en 1775 à Lexington où des miliciens Congressistes [29] battent un petit groupe de soldats britanniques. Peu de temps après, l'Armée Continentale est créée et mise sous les ordres du général George Washington. Les colons choisissent un à un leur camp : c'est le début de huit ans de conflit.

Dans la prochaine partie, nous verrons les premiers actes de la nation américaine, sur le plan politique alors que la guerre fait rage. Des hommes, nommés Pères fondateurs, joueront un grand rôle pendant cette période, prenant fait et cause pour des valeurs des Lumières. Parmi ses Patriotes, figure Thomas Jefferson, le rédacteur de la fameuse Déclaration d'Indépendance [30], texte qui officialise la rupture avec l'Angleterre de George III.

---
[1] Les deux événements sont à distinguer. Le premier renvoie à la période qui suit la Guerre de Conquête jusqu'au début de la Guerre d'Indépendance proprement dite. Cette dernière débute en 1775 et se termine en 1783 avec le Traité de Paris.
[2] Le mouvement a repris plusieurs slogans libertariens. Le mot Tea y est d'ailleurs vu comme un acronyme signifiant Taxed Enough Already, c'est-à-dire déjà suffisamment taxés. Lors des élections de mi-mandat en novembre 2010, L'un des leaders du mouvement, Rand Paul, fut élu sénateur junior du Kentucky.
[3] La Déclaration de Droits. Signée en 1688 sous le règne du roi Charles II. A ne pas confondre avec celle qui fut promulguée en 1789 par les Etats-Unis.
[4] La Guerre de Conquête est le pendant américain de la Guerre de Sept ans. Elle débouche sur une victoire anglaise et la signature du Traité de Paris en 1763.
[5] Pendant la guerre, les troupes anglaises ont conquis la province du Québec.
[6] C'est la conséquence de toutes les guerres...
[7] Idéologie très courante à l'époque. Elle vise à protéger les intérêts de la couronne britannique.
[8] Nommée Currency Act. Elle abolit la monnaie fiduciaire des colonies, le Colonial Scrip qui non adossée sur l'étalon-or n'avait qu'une très faible valeur.
[9] La Nouvelle Angleterre souffrit à l'époque d'une pénurie de rhum...
[10] Grenville était déjà à l'origine du Sugar Act.
[11] Timbres fiscaux qui semblent encore très à la mode...
[12] Patrick Henry (1736-1799) fut gouverneur de l'état du Virginie à deux reprises, à partir de 1776.
[13] On trouve parmi eux, Samuel Adams, Patrick Henry, John Adams, James Otis, John Hancock,...
[14] C'est à cet endroit que George Washington prêta serment en 1789 (Oath of Office). le Federal hall fut le siège du Congrès avant qu'il ne soit transféré à Washington.
[15] Declaration of Rights and Grievances en anglais.
[16] Le changement de Premier Ministre est très probablement à l'origine de cet abrogation. En effet, Charles Watson-Wentwoth, qui remplace Grenville, était plus favorable aux colons.
[17] Le Chancelier de l’Échiquier est l'équivalent d'un ministre des finances dans le gouvernement britannique.
[18] Créée en 1600 par la reine Elizabeth Ier, la compagnie fut concurrente de la France et des Pays-Bas.
[19] Slogan signifiant "Pas de taxes sans représentation".
[20] John Hancock (1737-1793) fut président du Second Congrès Continental et l'un des signataires de la Déclaration d’Indépendance.
[21] Hancock fut défendu par John Adams (1735-1826) qui fut plus tard Président des Etats-Unis. L'affaire fut classée sans suite.
[22] Connu aussi sous le nom d'Incident de King Street. Les soldats furent défendus par John Adams également.
[23] Il sera vendu pendant la Guerre d'Indépendance pour financer les troupes.
[24] Réputés pour faire peur...
[25] Certains diront cinq, mais le Quebec Act est un peu à part.
[26] On trouve aussi les termes Coercitive Acts ou Punitive Acts.
[27] Notamment le droit de tenir des réunions. 
[28] George Washington qualifia cette loi de Murder Act car, selon lui, elle permettrait aux meurtriers d’échapper à la justice.
[29] On parle aussi de Whig, par opposition aux Loyalistes, favorables au roi.
[30] Officiellement, cinq hommes furent désignés pour rédiger la déclaration. Connu sous le nom de Committee of Five, on y retrouve Thomas Jefferson, John Adams, Benjamin Franklin, Roger Sherman et Robert Livingston.

Lincoln, ce libéral

En 1860, alors qu'il n'est pas encore Président des États-Unis, [1] Abraham Lincoln fait une annonce devant le Congrès américain [2]. Ce discours est resté célèbre de par la simplicité et la puissance des mots employés par l'homme politique républicain [3].

En ces temps où les libertés sont maltraités par nos chers leaders politiques, je me permets de rappeler ces quelques phrases :
"Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne.
Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort.
Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous gagnez.
Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant à leur place ce qu’ils devraient faire eux-mêmes.
"
A bon entendeur...

---
[1] Élu le 6 novembre 1860, Lincoln ne prend ses fonctions que le 4 mars 1861.
[2] Le Congrès est l'ensemble des deux chambres du parlement américain, à savoir la Chambre des Représentants et le Sénat.
[3] A noter l'emploi de l'anaphore, popularisé par le candidat François Hollande, lors du débat télévisé de la campagne présidentielle de 2012.

Les 4 R

Pourquoi donc 4 R, me direz-vous ? Cette lettre, constitue l'un des points communs de quatre personnages, qui ont, de par leur caractère et leur charisme, marqué en quelque sorte les années 80. N'étant pas vraiment en âge de voir leurs exploits à l'époque, je ne les ai redécouvert que plus tard à travers les traces qu'ils ont daignées laisser à la postérité.

Le président


Le premier que je vais évoquer est le seul qui ait véritablement existé. Il s'agit de Ronald Reagan, ancien acteur à Hollywood, reconverti en homme politique. D'abord proche des démocrates, "Ronnie" [1], anti-communiste patenté, radicalise peu à peu sa position et s'impose rapidement comme l'un des prophètes du mouvement libéral-conservateur américain [2], s'opposant à toutes les lois limitant les libertés individuelles en matière entrepreneuriat notamment. Après avoir soutenu la campagne infructueuse du républicain Barry Godwater en 1964, Reagan est choisi par le GOP [3] pour se présenter au poste de gouverneur de l'état de Californie. Élu,  il commence à mettre en place sa politique libérale [4]. Affrontant Nixon à l'investiture pour la présidentielle en 1968, il remporta finalement l'élection présidentielle douze ans plus tard, en battant le candidat sortant Jimmy Carter. Son slogan de l'époque, "America is back" va convaincre les électeurs américains qu'une autre société est possible et que le prospérité peut revenir. Partisan de la course à l'armement [5], il trouve en Margaret Thatcher, premier ministre britannique, un interlocuteur privilégié dans sa lutte contre l’interventionnisme de l'état [6]

Pendant les huit années qu'il passa à la Maison Blanche, Reagan influença grandement le retour des Etats-Unis au premier plan après des années 70 plus que difficiles tant sur le plan économique que sur celui de la politique étrangère. Tom Clancy, auteur américain, lui dédicacera l'un de ses livres, le considérant comme l'un des artisans de la chute du communisme, mettant ainsi fin à la guerre froide [7].

Le caméléon


Tom Clancy, justement. Il est le créateur d'un personnage emblématique de l'époque, Jack Ryan. Successivement lieutenant dans le Corps des Marines [8], broker chez Merrill Lynch [9], professeur d'histoire à l'Académie Navale d'Anapolis, il est recruté par la CIA dans les années 80. Il participe à plusieurs opérations de l'agence sous la supervision de l'amiral James Greer, le directeur adjoint aux renseignements. A son actif, on peut mettre la récupération d'un sous-marin de classe Typhoon [10], l'Octobre Rouge, l'échec de la tentative d'attentat d'un pape polonais [11] ou encore l'extraction d'un héros soviétique espionnant pour le compte des Américains.

Homme aux multiples talents, Ryan se retrouve propulsé bientôt président des Etats-Unis quand un avion japonais s'écrase sur le Capitole décimant tout le gouvernement américain. il se révèle alors brillant stratège en évitant une nouvelle guerre avec le Japon [12]. Témoin de la montée en puissance de la Chine, Ryan est l'archétype du serviteur dévoué et zélé. Intelligent,  incorruptible, mari et père modèles, il incarne une certaine idée de l'homme politique tel que le rêve encore l'Amérique et s'est montré encore récemment comme un recours fiable en cas de crise du pays [13].

Le vétéran


Dans la série des R, je demande le héros de guerre. On change ici de catégorie en passant du roman d'espionnage au film. Créé par Sylvester Stallone au début des années 80, John Rambo est un vétéran de la Guerre du Vietnam. Décoré de la médaille d'Honneur du Congrès, le jeune homme de retour au pays erre comme une âme en peine à la recherche de ses anciens camarades. Découvrant avec stupeur que la plupart sont morts, il atterrit dans une petite ville où il attire aussitôt le rejet de la population. Encore présent dans la mémoire collective, la blessure qu'est la défaite au Vietnam pousse la population à marginaliser les anciens combattants [14].

Malmené par le Shérif de la ville qui fait couler le premier sang [15], Rambo repart au combat contre ses habitants. Finalement raisonné par son ancien mentor, le colonel Trautman , Rambo se justifie en déclarant que "ce n'est pas sa guerre", signifiant par cette formule qu'il n'était qu'un soldat parmi d'autres appliquant les ordres du gouvernement [16].

La suite des aventures du soldat sont très cohérentes avec l'état d'esprit revanchard des années 80. Il est ainsi renvoyé au Vietnam avec l'objectif de retrouver et de libérer d'anciens soldats américains retenus prisonniers [17] avant d'aller participer à la rébellion contre l'occupant soviétique en Afghanistan [18]. Symbole là encore des années Reagan et des offensives réussies des Etats-Unis.

Le sportif


Je terminerai enfin par le dernier exemple de cet état d'esprit des années 80. Créé en 1976 par Stallone, - encore lui - le personnage de Rocky Balboa est l'incarnation parfaite du rêve américain. Enfant pauvre de la ville de Philadelphie [19], Rocky est fils d'immigrés italiens. Petit caïd de quartier travaillant pour la mafia, il pratique la boxe pour des cachets de misère. Son destin bascule le jour où il est choisi par le champion du monde des poids lourds, Apollo Creed [20], pour un match célébrant le bicentenaire de l'Indépendance [21] avec pour enjeu ultime, le titre de la catégorie. Bien que battu, Rocky reviendra plsu fort et déterminé et prendra sa revanche sur Creed. Invaincu pendant presque 6 ans [22], le champion se transcendera se distinguant de ses adversaires par son humanité et sa générosité. 

Egalement patriote, Rocky ira défier le russe Ivan Drago à Moscou devant tous les dignitaires du parti le jour de Noël 1985, afin de venger la mort Apollo Creed entre temps devenu son ami. Tout un symbole. Défaisant le champion russe, il s'attirera même la sympathie du public moscovite [23]. On peut y voir avec quelques années d'avance, la défaite de l'empire soviétique face au capitalisme américain et son idéal de liberté.

Bien qu'étant un personnage de fiction, Rocky reste une figure emblématique du sport tant et si bien qu'une statue a été sculptée en son honneur. Et encore aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des touristes, de tous horizons, monter quatre à quatre les marches de l'escalier menant à l'Hôtel de Ville de Philadelphie.

A eux quatre, ces personnages raisonnent comme le symbole d'une Amérique qui fasse à son déclin, a su rebondir d'une certains manière. Reste qu'aujourd'hui, ces images semblent s'évanouir tranquillement au moment où l'administration Obama connait plusieurs problèmes tant sur le plan interne qu'à l'étranger...

Dédié à Frank L.

---
[1] Il semblerait que ce sobriquet lui ait été donné par sa deuxième femme Nancy.
[2] Même si pour moi ce terme n'a pas vraiment de sens.
[3] Grand Old Party, surnom donné au parti républicain.
[4] Tout est relatif. L'une de ses premières décisions consista à augmenter les impôts pour équilibrer le budget...
[5] Il s'opposera à Thatcher sur le sujet. Cette course à l'armement symbolisé par la fameuse Guerre des Etoiles (aussi nommée IDS pour Initiative de Défense Stratégique) conduira à épuiser un peu plus le régime soviétique.
[6] Les deux politiques d'inspiration libérale sont très souvent évoquées conjointement.
[7] Dans son livre Sur Ordre, Clancy écrivit "à Ronald Wilson Reagan, quarantième Président des États-Unis, l'homme qui a gagné la guerre".
[8] Il fera une courte carrière dans l'armée étant blessé lors d'un déploiement.
[9] Il y fera fortune. Cette image n'est pas sans rappeler celle du golden boy, très courante en ce début des années 80. Le point d'orgue constituant assurément le personnage de Gordon Gekko dans Wall Street d'Oliver Stone sorti en 1987.
[10] La classe de sous-marin lanceur de missiles la plus imposante des Soviétiques.
[11] Directement inspiré de l'attentat contre le pape Jean-Paul II.
[12] Cet épisode préfigure quelques années avant les attentats du 11 septembre 2001.
[13] Jack Ryan reprend du service dans la dernière aventure de Clancy, Mort ou vif, sorti en 2011.
[14] A lire sur le même sujet l'histoire de Ron Kovic, célèbre auteur de Né un 4 juillet.
[15] Littéralement First Blood en anglais, titre du premier film sorti en 1982.
[16] La conscription était encore en vigueur à l'époque aux Etats-Unis.
[17] Rambo II : la mission, sorti en 1985.
[18] Rambo III, sorti en 1988.
[19] Ville non choisie au hasard puisqu'elle a été le lieu de la signature de la Déclaration d'Indépendance et de la convention chargée de la rédaction de la Constitution américaine.
[20] Le Maître du désastre, boxeur facétieux et adepte de la mise en scène (il n'hésite pas à entrer sur le ring déguisé en Oncle Sam). Il n'est pas sans rappeler le célèbre Mohammed Ali.
[21] Célébré en grande pompe le 4 juillet 1976.
[22] Selon la biographie fictive du héros.
[23] Scène finale de Rochy IV, sorti en 1985.

Du savoir faire au vouloir faire

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes du gouvernement Ayrault, est engagée depuis plus d'un an maintenant, dans une croisade visant à abolir les inégalités entre hommes et femmes [1]. Ces derniers temps, son offensive a fait plusieurs fois la une de l'actualité. Du monde du sport au congé parental en passant par l'éducation, la jeune femme fait feu de toute part afin de promouvoir un certain idéal de la société, sans se préoccuper des choix et des aspirations des individus. Avec l'ambition affichée de voir l’avènement du monde parfait. 

Des raisons historiques


Ainsi, il y a quelques semaines, la ministre accordait une interview au journal Le Point sur l'inégale répartition des filles dans les filières éducatives [2]. Dans une question, le journaliste lui fait remarquer que les filles réussissent, en moyenne, mieux à l'école que les garçons, mais qu'ensuite, elles font de moins bonnes carrières professionnelles  Il n'en faut pas plus pour lancer la machine et la réponse ne se fait pas attendre. La ministre explique alors que le culturel [3] conditionne, outrageusement, le choix des métiers. Autrement dit, la pression exercée par la société est telle que les femmes se fermeraient bon nombre d'opportunités de carrières, en ne se considérant pas aptes à exercer certaines professions.

Je suis en partie d'accord avec cette analyse dans la mesure où je crois que le facteur culturel influence nos choix de vie. Pourtant, je crois que son poids a considérablement diminué dans le temps. Et, à bien y regarder de près, ce seul argument ne suffit pas à expliquer que certains métiers soient peu féminisés. A ce sujet, Najat Belkacem nous explique que le métier de "pompière" [4] existe bel et bien, même si elle regrette que les femmes y soient peu présentes. Elle oublie au passage que la raison principale qui ferme ce corps aux femmes est la moindre force physique qu'elles possèdent par rapport aux hommes. Et là, le culturel n'intervient pas. Ce fait est du ressort du biologique, de l'inné. Bizarrement, je ne l'entends pas dire qu'il est discriminant pour une femme de ne pas être docker. Pourtant ce métier est certainement aussi éprouvant physiquement et au moins aussi utile. Mais dans l'inconscient collectif, il demeure moins bien valorisé et reconnu socialement que celui de sapeur-pompier... Vous comprenez, "sauver des vies", c'est beau...

Très longtemps ce facteur physique a été limitant. Dans les sociétés féodales [5], il a, en grande partie, conditionné l'organisation du travail, c'est-à-dire la manière dont les individus se répartissaient les différentes tâches à accomplir pour vivre. A cette époque l'essentiel du travail était concentré sur l'obtention de la nourriture via l'agriculture et l'élevage [6]. Ces travaux des champs étaient alors peu mécanisés et donc très physiques. Pour obtenir une meilleure productivité, un meilleur rendement, on les a donc confiés aux hommes. Cette organisation a donc naturellement conduit les femmes à rester au foyer pour accomplir d'autres tâches, comme celle d'éduquer les enfants. Et rappelons que jusque très récemment, elles étaient les seules à pouvoir nourrir un bébé... Le monde paysan d'alors avait simplement cherché à optimiser les compétences de chaque individu. Et il n'y avait rien de discriminant dans cela. J'ajoute même que le paysan qui exploitait les terres pour un seigneur n'était pas plus libre que sa femme ou ses enfants [7]... 

Epoque moderne


Avec le XIXème siècle et la révolution industrielle en Europe, l'ordre sociétal a évolué. Bien sûr, les emplois les plus physiques étaient encore dévolus aux hommes (extraction du charbon, fabrication de l'acier, etc.) pour les mêmes raisons que celles déjà évoquées. Mais l'arrivée progressive des machines dans certains secteurs - on pense à l'industrie textile alors en plein essor - a permis également l'embauche massive de femmes et d'enfants [8]. Le besoin de main d'oeuvre était donc satisfait.

Ces avancées ont aussi coïncidé avec l’avènement des idées libérales, à savoir la possibilité pour chaque individu de se déterminer. En France depuis les années 60-70 [9], toutes les branches de l'éducation sont ouvertes aux hommes et aux femmes. Hormis les résultats scolaires qui sont sensés refléter une certaine objectivité, les filles ont autant de chances de réussir que les garçons. Malgré cela, on remarque des disparités dans les voies choisies. Par exemple, on constate, sans difficulté, que les femmes sont moins présentes dans les métiers d'ingénierie [10] alors qu'elles présentent de meilleurs résultats en mathématiques [11]. Comment expliquer cela ? Je vais ici faire un petit détour. Pour bien comprendre que ces chiffres peuvent varier d'un point à un autre du globe.

Des sociologues ont étudié le niveau ainsi que le type d'études des femmes dans plusieurs pays du monde. Les résultats qu'ils ont obtenus sont particulièrement étonnants. Dans les pays où le niveau de vie est plus faible et où les femmes ne bénéficient pas des mêmes chances que les hommes, on remarque que leur niveau d'études est généralement supérieur [12]. Et si on pousse plus loin ces observations, il ressort qu'elles s'orientent préférentiellement vers des métiers hautement qualifiants tels que la recherche scientifique ou la technologie. La raison à cela est que seules ces professions leur permettent de vivre décemment et d'acquérir une indépendance financière [13]. Les conclusions sont totalement inversées par rapport aux pays occidentaux.

Pour résumer, l'inégale répartition dans les corps de métiers est transcendant aux simples critères culturels. Elle trouve son origine dans nos choix personnels. Femmes et hommes appréhendent la réalité et les problèmes qui surviennent de manière différente. L'explication de ces différences proviendrait, selon les chercheurs, de la génétique et de ses implications, à savoir la sécrétion d'hormones [14]. Et cela aucune loi n'y pourra rien changer. Quoique...

J'ajoute même que ce dernier aspect est un atout : faire travailler les deux sexes ensemble permet d'entrevoir de nouvelles possibilités dans la résolution de problèmes. 

Le choix ou la loi


Cependant, laisser les être humains, hommes ou femmes, décider de leur avenir en toute connaissance de cause constitue une alternative intolérable aux yeux des socialistes. C'est pour cela que la ministre défend avec force la parité via l'instauration de quotas. Une telle politique a déjà été mise en place dans la fonction publique et dans les partis politiques. Les contrevenants s'exposent à des amendes très lourdes ce qui prête à rire dans le cas des entreprises d'état. La coercition comme seul mode de fonctionnement. Qui plus est, on voit bien que ces quotas, notamment dans le monde politique, ne sont toujours pas atteints et sont même très loin de l'être. Certains partis préfèrent payer des contraventions à l'état plutôt que de la mettre en place [15].

Cette politique est tellement inefficace que la jeune ministre propose de l'étendre aux fédérations sportives qui devront accueillir plus de femmes dans leurs instances dirigeantes au risque de perdre leurs agréments et donc leurs subventions [16].

A l'opposé de ces réglementations qui décidément ne fonctionnent pas, je préfère la politique du libre-choix, c'est-à-dire laisser les gens décider en leur âme et conscience de ce qu'ils souhaitent faire de leur vie. Et cela n'a pas forcément à voir avec les compétences que l'on développe. Le fait que les femmes soient meilleures en mathématiques que les hommes ne signifie pas nécessairement qu'il faut qu'elles en fassent leur métier. Savoir faire et vouloir faire sont deux choses totalement différentes qu'il convient de distinguer. Il semble, au regard des statistiques, que les individus fassent déjà cette distinction. Même si cela ne plait pas à nos chers politiques. Et quand bien même vous n'avez pas les compétences pour réaliser ce que vous voulez, des réorientations scolaires ou professionnelles sont toujours possibles. Pour vraiment mériter votre place au sein de la société.

---
[1] Le terme n'est pas choisi au hasard quand on sait que la jeune femme a pour ambition d'abolir la prostitution.
[2] Interview disponible à ce lien.
[3] Comprendre ici tous les aspects de notre société occidentale, à la fois l'histoire, la religion,..
[4] Je trouve personnellement le terme atroce.
[5] Société qui commença aux alentours de l'an mil et perdura pendant les siècles suivants.
[6] Il faut dire que les méthodes de culture étaient très archaïques et peinaient à nourir le population qui souffrait régulièrement de disettes et famines.
[7] Tous étaient logés à la même enseigne.
[8] Mes quelques lecteurs marxistes, s'il y en a, me parleront alors de la fameuse armée de réserve du capitalisme.
[9] On pourrait peut-être même remonter avant tant des exemples existent.
[10] Les résultats varient d'une année sur l'autre pour le cas de la France.
[11] J'en ai moi-même fait l'expérience lors de mon passage dans une école d'ingénieurs en génie.
[12] Prenez le cas de l'Iran par exemple.
[13] Pour élever leurs enfants par exemple.
[14] L'action de la testostérone sur le développement humain et cérébral influence considérablement les comportements des individus.
[15] L'UMP en est un parfait exemple lors des élections législatives par exemple.
[16] Interview accordée au journal Le Monde par Najat Vallaud-Belkacem et disponible à ce lien.

Hyperloop, l'avenir des transports ?

Annoncé par Elon Musk [1] il y a un an lors d'une convention à Santa Monica, le projet Hyperloop projette de développer un nouveau mode de transport sur longues distances. Décrit comme étant à mi-chemin entre le Concorde et le canon électrique, il serait selon Musk une alternative à l'avion et au train [2].

Principe


Concrètement, le système se présente sous la forme de capsules se déplaçant à grande vitesse à l'intérieur d'un tube dans le quel le vide a été créé. Les capsules scellées hermétiquement navigueront d'un point à un autre de ce tunnel, propulsées par de l'air comprimé. D’après son créateur, ces véhicules pourraient atteindre des vitesses comprises entre 1000 et 6000 km/h [3]. On pourrait alors relier San Francisco à Los Angeles en moins d'une demi-heure [4] contre plus d'une heure et trente minutes actuellement par avion. A terme, il est envisagé d'aller de New-York à Pékin en seulement 2 heures.

Coût


Même s'il reste très évasif sur le coût du titre de transport, Elon Musk que l'investissement d'une ligne entre les deux villes californiennes reviendrait à 6 milliards de dollars seulement soit environ 10% de ce qui devrait être investi dans la ligne de tain à grande vitesse qui est actuellement en développement dans la région [5].

Il ajoute même que le prix des titres de transport serait tout à fait abordables, voire même oins chers qu'un billet d'avion ou de train.

Concurrence sur le marché


Et ce dernier élément aura son importance. Certaines sociétés pourraient voir d'un bon œil une diminution des frais de transports de leur personnel. D'autant plus si ce gain s'accompagne d'une réduction du temps de trajet.

Reste que le milliardaire n'est pas le seul à s'intéresser au transport à hautes vitesses. La société ET3, basée dans le Colorado, projette de faire ses premiers essais avec un système similaire à celui de Musk avant la fin de l'année [6] tandis que lui présentera le sien le 12 août prochain. Une course contre la montre semble donc engagée entre les deux projets et même si de nombreuses inconnues restent posées, nous pourrions assister d'ici à quelques décennies à une révolution des transports...

---
[1] Elon Musk (né en 1971 à Pretoria) est le créateur du service de paiement Paypal et des sociétés SpaceX et Tesla Motors.
[2] Un article est consacré au projet sur le site du journal L'Expansion et disponible à ce lien.
[3] A titre de comparaison, le TGV atteint en moyenne 200 km/h et un avion 850-900 km/h.
[4] Raisonnablement, Elon Musk compte sur 45 minutes.
[5] Baptisée California High-Speed Rail, la ligne ferroviaire devrait relier les principales villes californiennes. Plus d'informations à ce lien.
[6] Le site de la compagnie est consultable à ce lien.

Il est né le royal enfant

Aujourd'hui, à 16h24 heure de Londres, soit 17h24 heure de Paris, le premier enfant tant attendu du futur roi d’Angleterre et de sa femme, la Duchesse de Cambridge naissait [1]. L'enfant et la jeune maman se portent bien et toute la famille se réjouit de cet événement, le premier d'une telle importance depuis plus de 30 ans [2].

Comme en 2011 lors du mariage du jeune couple [3], bien du monde critique, plus ou moins ouvertement, le système de gouvernement que constitue la monarchie, lui reprochant d'être un héritage d'une oppression passée, de gaspiller de l'argent à entretenir des parasites qui finalement ne servent à rien. Pourtant, malgré cela, ce n'est pas sans une certaine curiosité que ces événements attirent les regards et les commentaires des internautes. Car qu'on le veuille ou non, la monarchie et ses fastes fascinent [4]. Et je crois volontiers que la France, plus que tout autre pays, est attirée par ces histoires de princesses, de reines et d'altesses royales bien que nous vivions en république depuis quelques décennies déjà [5]. 

Un héritage millénaire


Les familles régnantes de France et d'Angleterre sont nées quasiment au même moment, en 987 pour la première et 1066 pour la seconde [6]. Dès lors, les deux pays ont évolué au gré des guerres, des conquêtes et des intrigues de succession. Au moment où la monarchie absolue s'affirme sur le continent [7], la couronne britannique est secouée par une révolution qui voit l'abolition du régime et la décapitation du roi, Charles Ier [8]. La période qui suit appelée Commonwealth, est une sorte de république incarnée par un homme fort Oliver Cromwell [9]. Ce dernier fait preuve d'un certain autoritarisme sur le pays [10]. Sa mort provoque un moment de flottement chaotique qui provoque la restauration de la monarchie et le retour de la famille déchue, les Stuart [11].

Cependant et afin de limiter le pouvoir du monarque, plusieurs lois sont votées, la plus connue étant l'Habeas Corpus [12]. L'absolutisme anglais s'éteint alors, près d'un siècle avant son ennemi héréditaire. Depuis cette époque trouble, les Anglais n'ont cessé d'adapter leur monarchie aux temps nouveaux, transférant de plus en plus de pouvoirs au Parlement au détriment du monarque qui n'a plus aujourd'hui qu'un rôle consultatif et représentatif [13].

C'est ce rôle qu'incarnera un jour prochain, le jeune garçon né aujourd'hui. Il aura alors la lourde charge de servir son pays et d'incarner mille ans d'histoire. Tout ces éléments font du monarque le garant d'une certaine stabilité du pays.

Un gage de stabilité


En effet, force est de constater que depuis le XVIIème siècle, et les événements que nous venons de rapporter, le pays a connu une relative stabilité de son pouvoir politique [14]. Pendant la même période la France a épuisé seize constitutions, passant de la monarchie absolue à l'empire pour revenir à la monarchie avant de succomber définitivement à la tentation républicaine [15].

Encore aujourd'hui, il subsiste en Europe dix monarchies [16]. Et force est de constater que ces pays ne se portent pas plus mal que les républiques qui les entourent. J'aurais même tendance à dire qu'ils se portent mieux. Mais je ne veux pas polémiquer inutilement.

Ce que je crois en revanche, c'est que sans ce monarque rassembleur, le Royaume-Uni sous sa forme actuelle n'existerait pas ou plus. Car plus qu'un symbole, la présence du roi rassure le peuple et contribue à unifier le pays. Les troubles internes qu'ont vécus des pays tels que la Belgique auraient pu pousser à son éclatement. Il n'en a rien été. La personne du roi a permis de surmonter les difficultés. La dernière preuve en date est la main tendu du tout nouveau monarque au peuple Flamand [17]. Ces politiques d'apaisement sont courantes et ont amené récemment la reine d'Angleterre a rencontré la présidente de la république d'Irlande.

Et cela est d'autant plus explicable que le monarque ne pense pas à lui proprement dit mais à ses héritiers. Il souhaite ardemment que sa lignée continue d'incarner la plus haute autorité morale du pays. Ce but l'amène à parlementer, à discuter et à faire des concessions. Autrement dit, il préférera perdre une partie de son pouvoir plutôt que de ne plus en avoir du tout. Tant que cela durera, les monarchies telles que nous les connaissons, survivront au temps. Et sans nul doute, assisterons-nous dans quelques décennies au couronnement du successeur de William V [18] et 43ème monarque depuis Guillaume le Conquérant [19]...

---
[1] Au hasard, un article dans la presse de demain.
[2] William, le dernier héritier direct est né le 21 juin 1982.
[3] William de Galles et Catherine Middleton se sont mariés le 29 avril 2011.
[4] Fastes qui ne sont en rien comparables à ce que les monarchies ont pu connaître dans le passé. Aucune famille royale n'a l'idée de faire construire un Versailles aujourd'hui.
[5] Je pars du principe ici que la république existe en France depuis 1870. Ce point de vue est critiquable à bien des égards mais les deux premières tentatives n'ont pas duré bien longtemps.
[6] Les dynasties mérovingiennes et carolingiennes n'ont pas de lien directes avec la famille capétienne dont des descendants sont encore vivants aujourd'hui à travers toute l'Europe par la branche Bourbon.
[7] La révolution anglaise débute en 1640 et voit la décapitation du roi en 1649. Au même moment, Louis XIV commence son règne.
[8] Pour l'anecdote, l'actuel prétendant à la couronne songe par superstition à ne pas porter Charles comme nom de règne. Il devrait arborer celui de George comme son grand-père, le roi George VI.
[9] Oliver cromwell (1599-1658), Lord protecteur du Commonwealth d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande de 1653 à 1658. Son fils Richard lui succède à sa mort.
[10] Cromwell se joue du Parlement à plusieurs reprises et le dissout assez régulièrement.
[11] Le roi rappelé, Charles II est le fils du précédent.
[12] L'Habeas Corpus (1679) assure à toute personne de ne pas être emprisonné sans motif et sans avoir été jugé au préalable. Cette loi vient quatre siècles après la Magna Carta (1215) signé par le célèbre roi Jean Sans Terre.
[13] Le Premier Ministre exerce les vrais pouvoirs et rend visite à la reine une fois par semaine.
[14] La véritable crise interne du pays est le conflit irlandais en passe d'être réglé aujourd'hui.
[15] Vous pouvez compter. Certains en voudraient même une dix-septième.
[16] Le Royaume-Uni, l'Espagne, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège, le Liechtenstein et la Principauté de Monaco. J'exclus ici la principauté d’Andorre et le Vatican.
[17] Comme le montre un article du site Boursorama daté du 21 juillet et disponible à ce lien.
[18] Nom que portera, s'il règne, le père du bébé né aujourd'hui.
[19] Duc de Normandie né aux environs de 1027 et mort en 1087. Il devient roi d'Angleterre en 1066 sous le nom de William I ou William the Conqueror.