Demain, une journée de mobilisation pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement Ayrault a été décidée par plusieurs syndicats à travers le pys. Pour tous le mot d'ordre est simple : "nous ne travaillerons pas un trimestre de plus, ni n'accepterons de baisses des pensions de retraites" [1].
Et pourtant avec l'actuel système et la démographie qui est la nôtre, il ne fait plus aucun doute que c'est ce qui va leur (nous ?) arriver ! Soyons réalistes : comme de plus en plus de gens veulent toucher une retraite, il faut soit de nouveaux pigeons pour donner de l'argent, soit que les pigeons actuels donnent plus ou plus longtemps... Une véritable chaîne de Ponzi [2] formée depuis plus de 60 ans. Si elle n'était pas soutenue par l'état, elle se serait effondrée depuis bien longtemps. D'ailleurs même avec son aide, je vous fais le pari qu'elle ne tiendra pas encore des années... Le système par répartition a fait son temps et est aujourd'hui en équilibre instable. Il finira tôt ou tard par s'effondrer, emportant avec lui des millions de personnes qui n'auront plus que leurs yeux pour pleurer.
Rafistoler ce système, comme l'ont fait presque toutes les majorités ces vingt dernières années, ne fait que repousser un peu plus l'échéance. Encore un peu monsieur le bourreau. Une énième réforme ne permettra pas d'équilibrer les caisses de retraites sur le long terme et à n'en point douter, une autre sera nécessaire avant la fin de la décennie.
La véritable urgence, aujourd’hui, n'est pas de manifester pour sauver le système mais de se battre pour en créer un nouveau. Mais afin de protéger leurs petits avantages, leurs petits privilèges [3], grappillés çà et là depuis des décennies à force de manipulation des majorités successives, les syndicats de toutes les tendances préfèrent freiner des quatre fers. Il faut dire qu'avec les subventions reçues de l'état, on ne peut pas penser réellement qu'ils défendent les droits du salarié lambda, tout juste bon à remplir les cortèges...
Pendant ce temps, les actifs paient pour leurs aînés sans assurance que le système sera encore opérationnel quand viendra l'heure pour eux de prendre leur retraite. Ils peuvent voir se profiler un futur sous forme d'une double peine : continuer à nourrir l’ogre de la répartition - au nom de la solidarité nationale - tout en essayant de se constituer un capital retraite car ils savent que la rente mensuelle de l'état ne sera pas suffisante pour vivre décemment, et ce malgré une vie de travail. C'est ici, et pas ailleurs, que réside la vraie injustice.
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[1] J'avoue le plagiat de la formule de Gérard Filoche.
[2] Bernard Madoff en a été l'un des plus ardents promoteurs.
[3] Par exemple les régimes spéciaux de la fonction publique.
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