Actuellement, se déroule dans la Baie de San-Francisco les régates de la 34ème Coupe de l'America, l'une des plus vieilles compétitions de l'ère moderne [1]. Le Defender, Oracle Team USA tente de conserver, sur le sol américain, la célèbre Aiguière d'argent ramenée de Valence en 2010 après la victoire contre les Suisses d'Alinghi [2].
J'avais déjà évoqué, il y a quelques temps [3], qu'il était dommage que la France ne participe pas aux phases finales de la Coupe - notamment la désignation du Challenger lors de la Coupe Louis-Vuitton - alors qu'elle possède parmi les meilleurs experts dans le domaine des multicoques, nouvelle jauge de la compétition [4]. On constate alors qu'il est loin le temps où le Baron Bich - premier non anglophone à participer lors de éditions 1970, 1974, 1977 et 1980 - ou le navigateur Marc Pajot qui prit sa succession, sur quatre éditions lui aussi, à partir de 1987, se battaient pour atteindre la phase finale.
Depuis lors, les différents défis français n'ont, soit pas eu les moyens de participer, soit n'ont fait que de la figuration, ce qui est fort regrettable, tant les talents ne manquent pas [5]. Les sponsors ont donc déserté l'épreuve et les skippers, marins et autres designers sont passés à la concurrence, au gré des éditions, tantôt chez Oracle, Alinghi, Artémis, ou encore chez les Kiwis.
A dire vrai, ces régates ont toujours eu mauvaise presse dans l'Hexagone, et sont considérées comme un "sport de riches", une manière pour les plus fortunés de faire parler d'eux. Pourtant, à y regarder de plus près, est-ce vraiment une compétition si coûteuse que cela ?
D'après les dires de Christian "Kiki" Karcher, trois fois vainqueur de la Coupe, cette réputation est usurpée [6]. Par exemple, les Néo-Zélandais, Challenger officiel des Américains pour l'actuelle édition ont dépensé l'équivalent de 75 millions d'euros sur trois ans pour construire deux bateaux et employer une centaine de personnes. Ce budget représente le quart de ce que dépense tous les ans le club du PSG pour son effectif - un peu plus réduit. Sans compter les sommes pharaoniques engagées dans le transfert de certains joueurs. Le dernier en date, Gareth Bale aurait été acheté 100 millions d'euros par le club du Real Madrid en Espagne.
Mais comme pour beaucoup de choses, les préjugées ont la vie dure. Surtout en France.
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[1] La plus vieille étant le championnat du monde de jeu de paume créé en 1740. Suit la célèbre Boat Race, la course opposant annuellement les universités de Cambridge et d'Oxford en Angleterre qui fut fondée en 1829.
[2] Ce syndicat avait annoncée dans la foulée se retirer de la compétition.
[3] Seule la victoire est jolie, publié en juillet 2013.
[4] Les bateaux engagés sont des catamarans de 72 pieds soit 21.9 m environ.
[4] Les bateaux engagés sont des catamarans de 72 pieds soit 21.9 m environ.
[5] Rappelons-nous des défis Areva ou celui plus récent des frères Peyron, Energy Team.
[6] Kiki Karcher tient une chronique filmée sur Internet. La déclaration, dont je parle, est incluse dans l'une de ces vidéos, consultable à ce lien.