Le pied nickelé

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Gérard Filoche est un ancien inspecteur du travail, membre du Bureau National du Parti Socialiste, militant actif de divers syndicats et ce qui nous intéresse ici, un utilisateur compulsif du service de microblogging Twitter [1]. Régulièrement, ce marxiste de la dernière heure, nostalgique de tous les défunts régimes socialistes de l'Histoire - et de ceux qui existent encore - nous surprend par une sortie aussi péremptoire que dénuée de bon sens. La dernière nous est parvenue un peu plus tôt dans la journée. Je cite : 
Suppression immédiate de ce statut bâtard scandaleux de "loueurs de bras XIXème siècle" appelé indûment "auto-entrepreneur" [2].
Autant le dire tout de suite, notre cher et dévoué internaute n'aime pas les gens qui ont le courage d'entreprendre, de créer, de s'extraire du statut de salarié pour passer à celui plus précaire de patron. Je dis plus précaire et je le maintiens. Car, soyons réalistes, le plus souvent, un jeune patron, qu'il soit auto-entrepreneur ou non, prend des risques en investissant son argent et son temps pour voir son rêve se concrétiser. Alors c'est vrai qu'à plus ou moins long terme, il attend de récolter les fruits de son travail. Puisque n'oublions pas, Monsieur Filoche, ce vilain capitaliste il aurait pu le dépenser ailleurs son argent. Mais non, il a préféré l'investir. Quel Cro-Magnon [3] !

Le plus souvent, ces hommes et femmes ne comptent par leurs heures, ne prennent pas de repos hebdomadaires ni de vacances, ne se versent pas de salaires, ne peuvent pas tomber malades, n'ont pas le droit au chômage en cas d'échec, cotisent pour des retraites de misère [4], et, comble du système, sont marqués au fer rouge de la honte en cas de faillite de leur affaire [5]. Cependant à écouter Gérard Filoche, tout cela semble normal. Après tout, ce vil individu aurait dû faire comme tout le monde : devenir un gentil fonctionnaire. Tout juste s'il avoue que c'est "dangereux" de travailler 80 heures par semaine. Oubliant au passage que ces petits chefs d'entreprise n'ont bien souvent pas le choix tant il y a de choses à faire pour qu'une société marche et se développe : trouver des clients, payer les fournisseurs, monter des dossiers pour obtenir des crédits, éplucher les réglementations toutes plus instables les unes que les autres... 

En France, on peut le dire sans hésiter, rien n'est fait pour aider ces gens - et encore moins inciter d'autres à les rejoindre. Non, en France, on les prend juste pour des vaches à lait, juste bons à remplir les caisses, désespérément, vides de l'Etat et de la Sécurité Sociale. Mais cela, Gérard Filoche ne le voit pas. Pour lui, un patron n'est rien d'autre qu'un exploiteur, un profiteur du système, gavé de subventions. A croire que ce monsieur, qui dit pourtant avoir passé 25 années à côtoyer des entreprises, ne sait pas comment elles fonctionnent.

Reste que si ces entrepreneurs n'existaient pas, et ne payaient pas leurs charges sociales [6], Monsieur Filoche ne pourrait pas jouir de sa retraite, ni continuer à militer dans son parti. Alors c'est qui l'égoïste Gérard ?

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[1] Le CV de ce cher Gérard - intitulé sobrement Ma bio - est consultable à ce lien.
[2] J'ai quelque peu rectifié le tweet original disponible à ce lien.
[3] Les aficionados de Gérard Filoche comprendront.
[4] J'ai des exemples au cas où... 
[5] Ce point serait censé disparaître aux dires de notre actuel gouvernement. Ce n'est pas du goût de Gérard d'ailleurs.
[6] Je sais que Gérard n'aime pas ce terme, lui préférant celui plus bisounours de "cotisations sociales".

2 commentaires:

  1. Je crois au contraire que Filoche a conscience que le petit patron, l'auto-entrepreneur, fait des heures de dingues, n'a pas la même couverture etc... et c'est bien pour ça qu'en bon socialiste il veut le préserver de tout ça en lui interdisant de prendre ces risques capitalistes.

    Comme tu le dis, il faut ramener cette brebis égarée tombée dans l'ideologie capitaliste vers le salariat, où il sera chaperonné par des syndicats qui savent mieux que lui ce qui est bon pour lui et le "défendent" face au patronat.

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    1. Il en très certainement conscience, mais l'idée de créer lui est parfaitement hors d'atteinte. Son objectif comme vous le rappelez justement est de former des moutons fonctionnarisés...

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