Spy games

Hier, le FSB [1] annonçait avoir arrêté, à Moscou, un employé de l'ambassade américaine, Ryan Christopher Fogle, que le service de sécurité russe présente comme un agent de la CIA, en charge de la lutte antiterroriste dans la région du Caucase [2].

Occupant le poste de troisième secrétaire à la section politique, Fogle a été appréhendé alors qu'il tenté, a priori, de recruter des agents russes [3]. Dans la foulée, le ministère russe des affaires étrangères aurait convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis, Michael McFaul, information que l'intéressé a aussitôt démenti, tout comme l'ambassade qui s'est juste contenté de déclarer qu'un de leur employé avait été retenu quelques heures par l'agence russe avant d'être remis aux autorités de son pays.

Cette information fait écho à l'arrestation en 2010 de dix agents "dormants" russes sur le territoire américain [4], dénoncés à l'époque par l'un de leurs compatriotes [5]. Ces hommes avaient été ensuite échangés contre quatre agents russes, condamnés pour espionnage à la solde des puissances occidentales. Une successions d'affaires qui semble nous ramener, tout droit, au temps de la guerre froide.

Un retour de la guerre froide ?


Amputé d'une partie de ses moyens après la chute de l'URSS en 1991, l'agence de renseignements russe s'est restructurée notamment sous l'impulsion d'un de ces chefs, un certain Vladimir Poutine [6]. Elle est aujourd'hui totalement dévouée au pouvoir de la présidence russe, comme au temps de l'Union Soviétique. Certains ont d'ailleurs avancé l'hypothèse que l'arrestation de Fogle pouvait être un coup monté des russes, héritage de l'ancien temps...

Désormais revenu à la tête du Kremlin, et ce pour la deuxième fois, Poutine est plus que jamais l'homme fort du pays. Après avoir mis au pas les apparatchiks du régime lors de ses deux premiers mandats [7], le président russe a affiché son ambition de voir à nouveau le défunt empire s'asseoir à la table des puissances qui comptent dans le monde. Quitte à défier – même publiquement – la puissance américaine.

Pourtant en apparence, les relations entre les deux pays semblent au beau fixe, la dernière visite du Secrétaire d'Etat américain John Kerry dans le pays ayant débouché sur une déclaration conjointe sur le dossier syrien [8]. En grattant un peu la surface du vernis, il en est autrement. Vladimir Poutine ne personne confirma, quelques jours plus tard, que son pays livrerait, comme convenu, des missiles sol-air S-300 d'une portée de 200 km au régime de Bachar el-Assad, contrariant par la même l'aide occidentale aux rebelles [9]... Preuve s'il en est que les relations entre les deux blocs se dégradent encore.

Dysfonctionnements en chaîne


Pour la diplomatie américaine et l'expérimenté John Kerry, il s'agit d'un désaveu cinglant qui n'a d'ailleurs pas été commenté par le Département d'Etat, qui est toujours empêtré dans l'affaire de Benghazi [10].

A bien y regarder de plus près, les Américains paraissent déstabilisés, ne sachant comment prendre les revirements russes sur le dossier syrien. Ils n'arrivent pas à reprendre l'avantage et tardent à fournir les fameuses preuves d'utilisation d'armes chimiques par Damas [11]. Alors que nous venons de fêter les dix ans de l'intervention en Irak  dont on sait désormais que le prétexte initial était inventé de toutes pièces  les alliés traditionnels des Etats-Unis attendront des preuves solides avant d'engager plus avant des moyens diplomatiques, logistiques voire militaires...

Mais plus que cela, il est permis de penser que Kerry était venu chercher l'appui de Moscou sur les attentats de Boston, alors même que des voix s'élèvent à Washington, pour pointer un nouveau dysfonctionnement des renseignements américains, comme cela avait déjà été le cas après le 11 septembre [12].

La bureaucratie et la superposition de plusieurs agences créent, en effet, de nombreux cafouillages. Le dernier en date est la récente décapitation par le FBI du directeur de la CIA, l'ancien général David Petraeus, pour une affaire d'adultère [13]. Ce manque de coopération entre ces services sont préjudiciables au démantèlement de réseaux terroristes dormants, opérant en petit nombre, comme c'était le cas avec les frères Tsarnaev. La coopération mise en avant par l'administration Bush après le 11 septembre semble ne pas être d'actualité [14]...

L'impossible réforme de cette gigantesque machine que sont les systèmes de renseignements pousse les Américains à coopérer avec leurs anciens ennemis, ce qui amoindrit leurs marges de manœuvre, alors même que la menace terroriste semble se faire ressentir à nouveau [15]. Ne doutons pas que cette position, affaiblie, de l'administration Obama sera exploitée par ses adversaires politiques républicains à l'heure où les premiers mouvements de la campagne de 2016 commencent...

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[1] Le FSB est le successeur du célèbre KGB, les services secrets soviétiques.
[2] Un récapitulatif de l'affaire est disponible à ce lien.
[3] Une lettre aurait été découverte dans laquelle Fogle proposerait entre 100,000 et 1 millions de dollars en échange d'une éventuelle coopération.
[4] Un agent dormant est un espion d'une puissance étrangère non actif.
[5] L'un des agents démasqués s'était confié l'année dernière à la presse (lien).
[6] Vladimir Poutine est lui-même un ancien agent du KGB.
[7] L'affaire Khodorkovski en est l'un des exemples les plus connus.
[8] Les deux pays s'étaient entendus sur une organisation rapide d'une conférence sur la Syrie (lien).
[9] Un bas de fer avec Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine a d'ailleurs eu lieu publiquement (lien).
[10] On rappelle qu'en septembre 2012, l'ambassadeur américain Christopher Stevens avait été tué par des insurgés. Hillary Clinton alors Secrétaire d'Etat avait été sommée de s'expliquer. Barack Obama lui-même est éclaboussé par cette affaire.
[11] Après sa visite à Moscou, John Kerry affirmait détenir des preuves d'une telle agression (lien).
[12] Selon les propres dires du représentant Michael McCaul, memebre de la commission sur la sécurité nationale (lien).
[13] David Petraeus, directeur de la CIA depuis 2011, a été impliquée dans une relation extraconjugale, qui a précipité sa démission.
[14] A l'époque, l’administration Bush avait créé le Département de la Sécurité Intérieure (Department of Homeland Security), chargé de coordonner l'action des agences fédérales (CIA, FBI,...) au sein de ce que l'on nomme l'Intelligence Community
[15] On a appris en fin de journée que des attentats visant les ambassades américaines et françaises avaient été déjoués par les forces égyptiennes.

Rasoir d'Ockham

"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?" Cette phrase, popularisée par la série les Shadoks, de Jacques Rouvel, constitue une forme, déformée, d'un principe énoncé par Guillaume d'Ockham [1], un moine franciscain, philosophe et logicien anglais du XIVème siècle et connu sous le nom de Rasoir d'Ockham.



Bien qu'Ockham soit celui qu'il l'ait théorisé le premier, on retrouve la trace de ce principe dès l'Antiquité [2]Dans ses propres écrits, le moine l'exprimait de cette manière : "la pluralité des notions ne devrait pas être posée sans nécessité" [3]. Cependant, la forme la plus répandue, aujourd'hui, serait l'œuvre d'un de ses disciples. Un peu plus claire, elle dit qu'"il ne faut pas multiplier les entités au-delà du nécessaire" ou que "les choses essentielles ne doivent pas être multipliées sans nécessité", selon la traduction [4].

Du nominalisme


Pour bien comprendre le sens de la proposition de Guillaume Ockham, il faut savoir qu'à cette époque, un débat idéologique opposait les philosophes : la querelle des universaux. Les intellectuels n'arrivaient pas à statuer sur l'existence ou non de ces concepts abstraits tels que la beauté par exemple. Selon le moine, ces idées universelles ne sont que des mots, inventés par notre esprit pour raisonner plus facilement. Ils n'ont en aucun cas de réalité formelle, contrairement aux individus [5]. Cette position, opposée au courant réaliste platonicien, est nommée nominalisme, et Ockham en est l'un des plus illustres représentants [6].

Faire un usage abusif des universaux  dont certains n'ont pas de sens  n'aboutit donc qu'à  compliquer la pensée. C'est à partir de ce constat qu'Ockham édicta son fameux principe [7] : il n'est pas nécessaire d'émettre de nouvelles hypothèses tant que celles qui sont déjà énoncées suffisent. Autrement dit, il convient de choisir le chemin qui demande le moins de temps de raisonnement, c'est-à-dire celui qui économise le plus la réflexion intellectuelle [8].

Cette vision minimaliste se rapproche également de sa condition de moine franciscain. En effet, Saint François d'Assise, le fondateur de l'ordre prônait un dépouillement total pour ses disciples [9]. Respectant cet idéal, Guillaume d'Ockham s'opposera au pape Jean XXII, installé à cette époque en Avignon [10]. D'autres positions, tel son soutien à Louis IV de Bavière, le fera même excommunier par le Saint-Siège [11]Malgré cela, le "Docteur invincible", comme il est parfois surnommé, est resté comme un penseur influent de son temps.

Héritage


Par la suite, la théorie de Guillaume d'Ockham a – notamment  inspiré les scientifiques, parmi lesquels Isaac Newton [12]. Ces hommes modifièrent parfois en profondeur l'énoncé original pour l'adapter à leurs besoins. Ainsi, on distingue aujourd'hui trois propositions distinctes [13] : le principe de parcimonie, le principe de simplicité et le principe d'économie

Le principe de parcimonie est le plus proche de celui d'Ockham. Il énonce qu'il convient d'être prudent pour établir de nouvelles théories. Il faut avant tout examiner minutieusement les hypothèses déjà existantes [14]. Pour attester de ce fait, Susan Haack, avance que les progrès de la science sont similaires à la résolution d'une grille de mots croisés : on ne peut placer les nouveaux mots qu'en prenant en compte ceux déjà existants ainsi que les indices – les définitions  proposés [15]. C'est cet aspect du rasoir d'Ockham qui fit parler de lui au début du XXème siècle, lorsque Einstein démontra que l'hypothèse de l'éther luminifère, comme milieu matériel de propagation de la lumière, n'était pas utile [16]. Il en résulta, notamment, la célèbre théorie de la relativité restreinte.

Le principe de simplicité, quant à lui, suppose que l'explication la plus simple est la plus recevable pour expliquer une situation. Le scientifique doit donc trancher entre toutes celles qui se présentent à lui. Cependant, la notion même de simplicité peut prêter à différentes interprétations. Est-ce que le chercheur doit choisir la plus simple d'un moins de vue compréhension, ou bien du point de vue des hypothèses formulées, ou encore celle qui est la plus rapide à formuler ? Il convient donc de se méfier de cette proposition tant elle peut être confuse.

D'autres, enfin, ne voient dans le principe d'Ockham, que la prise en compte des entités sensibles, celles dont on peut faire l'expérience. Ainsi Ernst Mach [17] disait que "les savants doivent utiliser les concepts les plus simples pour parvenir à leurs résultats et exclure tout ce qui ne peut être perçu par les sens". Ce point de vue se rapproche alors du positivisme.

Outre le milieu scientifique, le principe de Rasoir d'Ockham fut aussi fréquemment utilisé dans la littérature. Le plus connu reste le célèbre détective Sherlock Holmes pour la simplicité de ses explications dans ses enquêtes. Plus proche de nous, le personnage de Guillaume de Baskerville [18], héros le roman Le nom de la rose d'Umberto Eco est directement inspiré de Guillaume d'Ockham : même prénom, même confrérie monastique, même époque, etc. L'auteur poussa la ressemblance jusqu'à citer le vrai Guillaume dans le corps du texte [19]...

Mise en application


Disons que vous êtes un homme politique très en vue, d'envergure internationale, même. Par ailleurs, votre notoriété, dans votre pays d'origine, vous place en tête des sondages des futures élections générales devant le candidat sortant.

Un jour, alors que vous devez annoncer prochainement votre candidature aux dîtes élections, on vous êtes accusés d'avoir abuser d'une femme de chambre dans un hôtel d'une grande métropole américaine. Tout de suite, vos alliés politiques [20], brandissent haut et fort la théorie du complot. Pour eux, l'explication est toute trouvée : c'est la femme de chambre, qui connaissant votre position, a forcément voulu vous piéger, et ce dans un but purement mercantile. Ils rejettent, d'avance, l'hypothèse selon laquelle vous pourriez être coupables, hypothèse, qui semble pourtant être confirmée par les preuves scientifiques récoltées sur la scène du crime.

Si d'aventure, on applique le Rasoir d'Ockham à cette situation, on perçoit que l'hypothèse du complot demande demande un temps de raisonnement bien plus coûteux que l'agression. Par ailleurs, les statistiques attestent la thèse de l'agression, loin devant celle de la machination financière... Vos proches déploient alors toutes les ressources possibles pour discréditer la parole de votre accusatrice. Leurs efforts vous permettent d'ailleurs d'être acquitté sans pour autant avoir été déclaré innocent. 

Quelques mois après cette affaire, qui a ruiné pour vous tout avenir politique, vous reconnaissez, devant des millions de vos compatriotes, avoir mal agi, et ce malgré votre acquittement mettant un terme au doute qui régnait encore chez certains [21]. Preuve que les hypothèses les plus coûteuses ne tiennent pas...

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[1] On trouve aussi l'orthographe Guillaume d'Occam, Occam étant la ville, en Angleterre, d'où était originaire le moine.
[2] Aristote écrivait la chose suivante : "il vaut mieux prendre des principes moins nombreux et en nombre limité, comme le fait Empédocle" (La Physique I, 4, 188a 17-18). Le fameux Empédocle était un scientifique grec du Vème siècle avant notre ère.
[3] En latin : "pluralitas non est ponenda sine necessitate". Cette phrase est extraite de  Quaestiones et decisiones in quatuor libros Sententiarum cum centilogio theologico (1319). Une autre phrase similaire est également disponible : "frustra fit per pluraquod potest fieri per pauciora" (c'est en vain que l'on fait avec plusieurs ce que l'on peut faire avec une petit nombre), provenant cette fois de Summa totius logicae (1323).
[4] En latin : "entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem". 
[5] De ce point de vue, le nominalisme peut être considéré comme précurseur du libéralisme dans le sens où il ne place rien au même niveau ou au-dessus de l'individu. A noter que cette théorie fut beaucoup critiquée par les collectivistes.
[6] On parle aussi parfois d'occanisme. Parmi les philosophes liés à ce mouvement, on peut citer Roscelin de Compiègne, son fondateur.
[7] A noter que l'expression Rasoir d'Ockham, n'est pas Guillaume. Elle fut mentionnée la première fois en 1852 par Sir William Hamilton. Cette métaphore du rasoir est très parlante car elle incite à couper tout ce qui est superflu dans une tentative d'explication.
[8] On dit aussi la moins coûteuse cognitivement.
[9] Les moines s'engageaient à ne rien posséder.
[10] Ainsi qu'à ses successeurs Benoît XII et Clément VI. Cette contestation sera plus ou moins à l'origine de la réforme luthérienne.
[11] La date de son excommunication n'est pas connue avec précision. L'année 1330 est avancée par Pierre Aféri dans son ouvrage Guillaume d'Ockham le singulier (Les Editions de Minuit, 1989). Ce que l'on sait en revanche c'est qu'elle a pour origine le couronnement de Louis IV de Bavière à Rome. Le souverain sera lui aussi excommunié.
[12] Le découvreur de la théorie de la gravitation universelle déclara : "nous n'avons à accepter pas plus de causes des choses naturelles que celles qui sont à la fois vraies et suffisantes pour expliquer ces choses".
[13] Cette catégorisation peut sensiblement varier selon les auteurs (exemple de Dieter Gernert, 2007).
[14] On parle aussi de principe d'exclusion des hypothèses supplémentaires non nécessairesIl est particulièrement utile pour dénoncer les théories du complot...
[15] Une biographie de Susan Haack est disponible à ce lien.
[16] Hendrick Lorentz développa une théorie de l'éther.
[17] Ernst Mach (1838-1916) est le découvreur du célèbre nombre de Mach
[18] Incarné à l'écran par Sean Connery dans le film de Jean-Jacques Annaud en 1986.
[19] "Premier jour, Vêpres : il ne faut pas multiplier les explications et les causes sans qu'on en ait une stricte nécessité" (Le nom de la rose, 1980).
[20] Qui aspirent à des postes importants si vous êtes élus.
[21] Toute ressemblance avec une situation passée est purement fortuite de ma part.

Humans to Mars

"Un vol habité vers Mars est aujourd'hui l'ultime destination de l'humanité dans notre système solaire et est la priorité de la NASA". C'est en ces mots que Charles Bolden, l'administrateur de l'agence spatiale américaine s'est exprimé lors de la conférence "Humans 2 Mars" [1], organisée à l'Université Georges Washington depuis hier. Pour l'occasion, les  plus grands experts du voyage spatial habité sont réunis afin de disserter sur le sujet, tel Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir posé le pied sur la Lune [2].

Ce faisant, Bolden rappelle, à qui veut l'entendre, que les prétentions de l'agence spatiale américaine pour la planète rouge ne sont pas définitivement enterrées... Il ajoute, par ailleurs, que cet objectif pourrait se concrétiser à l'horizon de la décennie 2030, en tenant compte des difficultés technologiques liées à un tel voyage [3].

Pourtant selon, Scott Hubbard, professeur à l'Université de Stanford, et ancien responsable du programme d'exploration martienne à la NASA, le principal obstacle n'est pas tant technologique que budgétaire : "aller sur Mars ne nécessite pas des miracles mais de l'argent et un programme pour répondre aux défis technologiques et d'ingénierie" [4].

Ces dires confirment ce que j'annonçais il y a quelques jours, à savoir que l'exploration martienne demanderait un effort budgétaire bien plus important que celui actuellement fourni. Pour rappel, 4% du budget fédéral était alloué à l'agence lors du programme Apollo dans les années 60. Ce pourcentage est tombé aujourd'hui à 0.5% [5]. Autant dire rien du tout, au regard de l'investissement que demande une telle entreprise.

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[1] Article du journal L'Express daté du 7 mai 2013 et consultable à ce lien.
[2] En compagnie de Neil Armstrong, le 21 juillet 1969, lors de la mission 11.
[3] Les scientifiques estiment qu'il faudra poser sur la planète entre 30 et 40 tonnes alors même que son atmosphère et piégeuse et a été à l'origine de la perte de nombreuses sondes par le passé. L'impact des rayons cosmiques devra également être étudiée afin de ne pas mettre en péril la vie des astronautes.
[4] Des extraits de l'interview de Scott Hubbard sont disponibles à ce lien.
[5] Article du journal La Croix, daté du 7 mai 2013 et consultable à ce lien.

Cigares volants, suite

Après avoir lu quelques réactions sur Twitter à propos du billet sur l'échec du missile M51, j'ai décidé de publier un petit addendum afin de compléter mon propos.

Premièrement, on m'a fait remarquer, que je n'abordais le sujet que d'un point de vue "comptable". C'est en partie vrai. Pour autant je ne remets pas en cause l'utilité de la dissuasion nucléaire sur un plan diplomatique [1] : la menace, que ces armes font peser sur les pays potentiellement belliqueux, est largement suffisante pour qu'ils ne soient pas tentés de nous attaquer. Ce que je dis, en revanche, c'est que le précédent missile opérationnel, le M45, bénéficiait d'une force de frappe conséquente ainsi que d'une portée et d'une précision plus que satisfaisantes pour assurer la défense de notre pays. Je maintiens donc que les 4 SNLE-NG, munis de seize de ces vecteurs, assuraient déjà correctement la mission de dissuasion. Pourquoi donc vouloir en changer ?

On m'a aussi dit que le M51 apportait un progrès technique au niveau de la propulsion. En fait, le missile utilise des moteurs à carburant solide dérivés des boosters de la fusée Ariane [2]. Leur développement ne doit donc rien au hasard. J'ajoute que les moteurs anaérobies des fusées de cette famille sont autrement plus complexes que ces boosters [3]. Au delà de l'aspect propulsif, les apports technologiques du missile sont assez mineurs : nouvelle coiffe...

Enfin, le dernier argument avancé, pour défendre le M51, est les investissents consentis par des nations telles que l'Inde ou la Chine, pour se doter d'un arsenal équivalent à celui de l'occident. En ce qui concerne le premier nommé, on peut dire que le programme n'en est qu'à ses balbutiements puisque le missile Sagarika ne dispose que de deux étages pour une portée de quelques centaines de kilomètres et une faible charge utile [4].

La Chine, quant à elle, a un peu plus d'avance, puisqu'elle affirme avoir développé un missile balistique, le JL-2 d'une portée annoncée, comprise entre 8000 et 14 000 km, selon la charge emportée. Ce vecteur stratégique équipera les nouveaux sous-marins de type 094 [5]. Cependant, il semblerait que l'Empire du Milieu ait, quelque peu, embelli les caractéristiques de sa force de frappe. Je m'explique. D'une part, l'analyse, par des ingénieurs russes, des types 094 a montré qu'ils ne pourraient pas concurrencer leurs homologues occidentaux [6]. La principale raison à cela est la présence, derrière le château, d'une protubérance, qui est due à la présence des tubes lance-missiles [7]. Visiblement, le missile JL-2 est trop massif pour le bâtiment, qui doit alors recourir à ce subterfuge pour pouvoir l’accueillir. Conséquence de cette solution : elle génère des bruits supplémentaires, qui rendent le sous-marin facilement détectable [8].
Le même rapport pointe aussi du doigt des problèmes récurrents dans la conception du missile JL-2 cette fois-ci, qui aurait une portée bien plus faible que celle revendiquée [9], puisqu'il ne pourrait, finalement, toucher que l'archipel d'Hawaï ou l'Alaska et non le continent américain proprement dit.

L'ensemble des ces arguments permet de se faire une idée globale des pays capables de rivaliser avec la France dans le domaine de la dissuasion nucléaire. Il en résulte que la FOST, équipée de missiles M45 testés et fiabilisés, avait largement le moyen de ses ambitions. Le M51 n'apporte rien de plus si ce n'est des dépenses supplémentaires alors que ces ressources [10], auraient pu être utilisées pour l'acquisition ou la modernisation de certains équipements militaires dont la France a fréquemment besoin lors de déploiements à l'étranger [11]. Matériels dont l'absence est d'ailleurs cruellement ressentie par nos troupes.

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[1] Bien que je pense qu'à terme elle devrait disparaître.
[2] Moteurs auxiliaires.
[3] Moteurs de la série Viking, Vulcain et Vinci.
[4] La portée relevée est de 700 km pour quelques centaines de kilogrammes. Le rapport d'un des derniers tests du missile est consultable à ce lien.
[5] "Jin Class" selon la désignation OTAN. Six exemplaires sont prévus, le premier étant achevé. A noter qu'un nouveau type de sous-marin, le type 096 est en cours de développement. 
[6] Je parle ici des SNLE de classe "Ohio" (Etats-Unis), "Boreï" (Russie), "Vanguard" (Royaume-Uni) et "Le Triomphant" (France).
[7] Le château est l'endroit où se trouve les instruments tels que le périscope, le radar de veille, le schnorchel ou les antennes radios.
[8] Le document est consultable en ligne à ce lien.
[9] Notamment au niveau de la propulsion. Il en résulte une portée de l'ordre de 6000 km.
[10] Il faut ajouter au développement et à la mise en œuvre du M51, la nécessaire refonte des SNLE de nouvelle génération pour pouvoir l’accueillir, période pendant laquelle ils seront indisponibles.
[11] L'opération "Serval" au Mali en est un exemple fameux.

Jeunesse mélancolique

Jeudi dernier, le journal Le Point publiait une lettre ouverte, directement adressée au président de la République, par une jeune étudiante en histoire, Clara G. Cette jeune femme y expliquait qu'elle n'avait plus assez foi en son pays pour espérer y construire sa vie dignement, envisageant ainsi de s'exiler à l'étranger. Et force est de constater que de plus en plus de jeunes font ce choix [1].

Nous en avons parlé avec Delphine_D, qui pour exprimer son point de vue, a écrit un billet que je vous invite à lire avant d'entamer cette lecture. Je publie ici une humble réponse  à son argumentaire, faisant parler mon expérience personnelle.

Pour écouter parler les jeunes de ma génération, je puis affirmer que beaucoup sont nostalgiques d'un monde passé, celui de leurs parents et/ou grands-parents. J'irais même plus loin en disant qu'ils ont l'impression que leurs ascendants leur ont volé une période bénie ou tout semblait facile [2]. Qu'ils en ont profité sans penser à eux [3]. Ils en sont d'autant plus convaincus qu'ils entendent parler de ce temps dans des termes élogieux. On se garde bien alors de leur rappeler que tout n'était pas rose... Et je crois que la jeune Clara est dans cet état d'esprit quand on y regarde de plus près.

Cependant cet âge d'or, que les jeunes d'aujourd'hui croient indépassable, a, je pense, une origine singulière : la génération qui l'a prétendument créé n'avait eu pour seul modèle que le monde de l'après seconde guerre mondiale. Ecouter le récit de cette terrible période, a agi sur elle de manière cathartique et lui a apporté une motivation supplémentaire. Une motivation qu'elle a utilisée pour opérer des changements, parfois radicaux. Cela a conduit à l'élaboration d'un système qui, en apparence, semblait un modèle de paix et de prospérité, notamment économique.

Aujourd'hui, je pense que les jeunes n'ont pas cette motivation. Ou tout du moins, qu'ils ne l'ont plus. Qu'elle s'est égarée dans le temps.

Attention, je ne suis pas en train de dire qu'une guerre serait nécessaire pour repartir de l'avant. Je dis juste que cette aliénation du passé est terrible car elle empêche les jeunes de se plonger dans l'avenir, leur propre avenir. Cet attachement est tellement encombrant qu'il vire parfois à l'absurde, l'un des derniers exemples en date étant la participation de lycéens aux manifestations contre la réforme des retraites [4]. Notre modèle actuel se transforme alors en boulet dont la jeunesse n'arrive pas à se séparer, convaincue au plus profond d'elle-même qu'il est le meilleur. Que l'état providence représente l'idéal de société.

Et c'est là qu'est l'erreur selon moi.

Idéalement, une jeunesse devrait être capable de remettre en cause l'ordre établi, voire d'imposer [5] ses propres idées comme cela a déjà été le cas par le passé. Or, en France, je ne vois qu'une jeunesse étouffée par un monde qu'elle adore et haït tout à la fois. Peu de critiques émane d'elle, si ce n'est pour répéter les mêmes poncifs que ceux de Mai 68... Llus que tout, il est important de sortir de cette spirale infernale, d'ou ne sort qu'une pensée unique et stérile, qui donne, aux plus jeunes, la fausse impression, que le monde est figé et qu'ils doivent faire avec. Effrayante, cette perspective ne peut qu’accélérer le déclin de notre pays d'autant plus s'il fait fuir ses jeunes. Dès lors, il ne pourra plus envisager les changements qui sont, pourtant, indispensables à la sortie de cette crise économique et sociale.

Et ces changements ne pourront intervenir que par l'émergence d'idées nouvelles, décalées et subversives et leur enseignement par le plus grand nombre [6]. L'échange et le partage de ces idées ainsi que leur manipulation ouvrira de réelles perspectives à notre génération, lui permettant d'appréhender le réel de manière différente et de le plier à sa propre volonté.

Il nous faudra donc faire preuve d'audace pour aller au devant de ces idées. Pour créer l'avenir et non plus avoir peur de lui. La révolution des idées est en marche. Espérons que personne ne s'égarera en chemin...

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[1] J'en suis le parfait exemple.
[2] Je veux parler des Trente Glorieuses.
[3] "Un égoiste... Un homme qui ne pense pas à moi." Eugène Labiche (1815-1888)
[4] La réforme Woerth de 2010.
[5] Pacifiquement, cela va de soi.
[6] Au hasard, les idées libérales par exemple. Leur méconnaissance me frappe d'autant plus de nombreux auteurs libéraux sont français.

Cigares volants

Dimanche 5 mai au matin, au large du Finistère, le test d'un missile M51, lancé à partir du SNLE le Vigilant, a échoué après une minute de vol, lorsque le missile s'est auto-détruit. Une enquête sera diligentée dans les jours à venir afin d'en éclaircir les causes. C'est l'occasion de rappeler, quelques jours après la publication du fameux Livre Blanc [1], qu'une nouvelle fois nos pouvoirs publics ne sont pas trop regardant quand il s'agit de dépenser l'argent du contribuable.

Le programme du missile M51 remonte aux années 90. Il est destiné à remplacer le missile M45 comme vecteur stratégique des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle génération (SNLE-NG). Il doit progressivement remplacer ce dernier à bord des quatre submersibles actuellement opérationnels [2], moyennant quelques aménagements...

Faisons tout d'abord un rapide retour en arrière. A sa mise en service en 1996, par le premier ministre de l'époque Alain Juppé, le M45 était à la pointe de la technologie en terme de portée (environ 6000 km), de précision de frappe (200 m) et de fiabilité. A cette époque, l'URSS n'était déjà plus et les traités de réduction d'armes stratégiques [3], déjà en vigueur. Seuls les USA, le Royaume-Uni, la nouvelle Russie et la Chine disposaient alors d'armes similaires. Les deux premiers avaient cessé le développement de telles armes [4]. Quant au troisième, il peinait à créer un ultime engin de terreur [5]. Enfin le quatrième, bien que disposant d'armes de qualité satisfaisante, reste un cran en dessous des trois nations précédemment citées.

Quelles raisons a-t-on alors eu de développer ce nouveau missile ? Objectivement, strictement aucune. Le principal argument invoqué par nos dirigeants - à savoir l'amélioration de la portée efficace de l'engin qui passerait à 9000 km en moyenne - est difficilement recevable. En effet, le M45 pouvait déjà frapper Moscou, Washington et Alger par exemple, à partir de la même position. Pour ce qui est du reste, les deux missiles emportent des "charges utiles", assez similaires : 6 pour le M45 et entre 6 et 10 pour le M51. Chaque tête nucléaire a d'une puissance de 100 kt environ [7]. Un autre avantage du M45 aussi : celui-ci ne coûte que 50 millions d'euros contre 120 millions à son héritier.

Certains ont osé s'opposer à ce programme dispendieux et inutile [8] et qui n'apporte rien de plus à la FOST [9]. L'échec du missile fautif ce matin, semble corroborer ces dires car il est à prévoir des dépenses supplémentaires, tant pour comprendre le problème que pour y remédier. Et tout cela est difficilement conciliable avec les restrictions budgétaires actuelles.  De nouvelles dépenses dont notre pays déjà fortement endetté aurait très bien pu se passer... A ajouter aux 15 milliards qui ont déjà été investis.

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[1] Ce Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité Nationale est disponible à ce lien.
[2] Dans l'ordre de mise en service : Le Triomphant (1997), Le Téméraire (1999), Le Vigilant (2004) et Le Terrible (2010).
[3] Les traités START I (1991) et plus récemment New START (2010) prévoient la réduction des vecteurs transportant les têtes nucléaires ainsi que la réduction du nombre de celles-ci. Les traités START II et III, intermédiaires, n'ont jamais été ratifiés.
[4] Le missile américano-britannique Trident II est en service depuis 1990. 
[5] Le missile russe Boulava (SS-NX-30), d'une portée de 8000 km, a eu, lui aussi, quelques soucis de mise au point...
[6] Ces missiles fonctionnent selon le principe du MIRV (acronyme de Multiple Independently targeted Reentry Vehicle). Sans entrer dans les détails, chaque tête peut frapper une cible différente.
[7] Pour mémoire, la bombe d'Hiroshima avait une puissance de 15 kt seulement. A noter qu'une tête de 150 kt (baptisée TNO pour Tête Nucléaire Océanique) est en cours de développement. Le développement de cette ogive avait été à l'origine des 6 essais autorisés par Jacques Chirac entre 1995 et 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa.
[8] Le général de l'armée de l'air Etienne Copel avait publié une tribune dans Le Figaro datant du 27 avril 2004. Il évoquait alors une "régression" par rapport au missile M45.
[9] Force Océanique Stratégique.

Mission to Mars

Il y a quelques jours, la société hollandaise, Mars One [1] proposait d’envoyer 24 volontaires en direction de la planète rouge à l’horizon 2022 [2]. Chose originale, ces volontaires s’engagent à ne pas revenir sur Terre [3]. Ils devront donc se débrouiller, seuls, une fois arrivés sur cette planète peu propice à la vie humaine, les températures y variant entre 0 et 90°C pendant la journée.

La raison à cela ? Le prix. Sans ticket de retour, le voyage coûterait, 6 milliards de dollars par personne selon Mars One, qui espère ainsi faire de substantielles économies. Et l’argent est bien le point crucial de ces voyages interplanétaires, bien plus que la technologie déjà connue et éprouvée ou en passe de l’être.

Par comparaison, le programme équivalent de la NASA (baptisé Constellation) prévoyait un budget de 230 milliards de dollars jusqu’à 2020 pour mener à bien le retour sur la Lune avant d’envisager la conquête martienne [4]. Initié par le président Bush, un an après la catastrophe de la navette spatiale Columbia, ce programme visait à réorienter la totalité des fonds de la NASA en abandonnant la navette spatiale ainsi que la contribution à l’ISS, ce qui ne manqua pas de froisser les autres contributeurs, Europe en tête. Cinq ans plus tard, la nouvelle administration Obama chargea la commission Augustine [5] d’évaluer l’avancée du projet. Elle recommanda dans son rapport l’arrêt du programme, pointant un manque de 3 milliards de dollars annuels pour atteindre les objectifs… Crise oblige, le programme Constellation fut donc annulé par le président au début de l’année 2010. Il n’en sera conservé que la capsule Orion, dont la conception avait été confiée à Lockheed Martin… Cependant la même commission suggéra de conserver les objectifs d’exploration humaine de l’espace, avec un planning beaucoup moins contraignant…

Ce défunt programme nous rappelle, toutes proportions gardées, les célèbres missions Apollo qui en 1969, en pleine guerre froide, avaient permis aux Américains d’être les premiers à poser le pied sur la Lune, alors même que les Russes, dominateurs à une époque, commençaient à empiler les échecs. Le projet Apollo aura au final coûté 135 milliards de dollars au contribuable américain [6]. Passé l’exploit d’y être allé et d’en être revenu, d’avoir permis à Hollywood d’en faire un film [7], le bilan de ce programme est quelque peu contrasté. Hormis la curiosité scientifique (380 kg de cailloux ramenés tout de même) et la victoire idéologique sur l’URSS, on ne peut pas dire qu’il y ait eu des retombées majeures pour le commun des mortels [8]. D’ailleurs, la récession économique du début des années 70, associée à l’engagement américain au Vietnam ont condamné, prématurément le programme, les trois dernières missions ayant été annulées par le Congrès [9]…

En sera-t-il de même pour Mars ? Il est permis de le croire. Actuellement, la NASA est la seule agence, publique, à continuer d’explorer la planète rouge, recherchant, désespérément, des traces passées ou présentes de vie. Et rien d’autre… Enfin officiellement. La seule raison qui pourrait pousser le déblocage de crédits publics ou privés pour une exploration humaine, serait la découverte, bien opportune, d’un quelconque minerai en forte abondance [10] ou bien d’énergies fossiles dont on sait qu’elles ont pour origine l’action d’organismes vivants… C’est d’ailleurs l’objectif annoncé du rover Curiosity, arrivé sur place à l’été 2012. Cette mission non habitée, la plus chère de l’histoire de l’agence, aura coûté près de 2.5 milliards de dollars, soit environ 1/8ème de son budget annuel… Si aucun résultat probant n’est récolté, elle sera très probablement la dernière d’importance de l’agence américaine avant que ne soit coupé l’argent de manière définitive [11].

Autant dire que pour la NASA, l’exploration humaine de Mars est repoussée aux calendes grecques. Voyant les déboires américains, des pays comme la Chine, ont affiché leurs prétentions. Mais ces annonces restent vagues et sont parfois assez loufoques [12]. Quant à l’Europe, elle reste étonnement muette sur la question… Et les quelques sociétés privées du domaine spatial ne s’y sont pas trompées. Elles préfèrent rester sagement dans les environs de l’orbite terrestre, ayant bien compris que l’avenir proche n’était pas dans l’exploration spatiale habitée ou dans la construction de mécanos géants tels que la station spatiale [13] mais bel et bien dans la fourniture de services pour notre propre planète : satellites météorologiques (bien utiles pour l’agriculture ou pour prévenir d’éventuels catastrophes naturelles), satellites de communications ou de géolocalisation (GPS, Galileo). Par ailleurs elles n’engageront pas les fonds nécessaires pour un tel voyage, sans une raison valable de poser le pied sur le sol martien…

La concrétisation de l’aventure martienne demandera, de toute façon, de meilleures conditions économiques ainsi qu’une véritable raison autre que le tourisme spatial aux frais du contribuable ou la satisfaction des ambitions de nos politiques. Si d’aventure l’homme va sur Mars, ce sera sûrement parce qu’il y trouvera quelque chose à y faire. Sinon, il n’ira pas. Toutes les actions de l’homme ne sont, bien sûr, par mues uniquement par le seul intérêt économique. Mais quand de telles sommes sont demandées, il y regarde à deux fois avant de se lancer.

Nous - ou nos descendants - ne sommes donc pas prêts de voir la bannière étoilée (ou celle d’un autre pays d’ailleurs), flotter sur nos écrans 3D.

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[1] Cette société est à but non lucratif. Elle est soutenue par le Prix Nobel de physique 1999, Gerard’t Hooft.
[2] Les Echos du 22 avril 2013 : « Mars One », le programme de téléréalité en direct de Mars.
[3] En abordant ce sujet, une histoire m’est revenue, celle du navigateur Hernán Cortés. En atteignant le nouveau monde, au début du XVIème siècle, ce dernier décida, avec ses capitaines, de détruire ses navires afin de motiver ses hommes qui n’ayant pas de chances à court terme de rentrer en Europe devaient nécessairement coopérer pour survivre.
[4] Hors glissement dus à d’éventuels retards ou problèmes d’ordre techniques. Pour le programme navette spatiale, par exemple, le budget fut dépassé de plus de 50% des sommes initialement engagées.
[5] Du nom de son président Norman Augustine, ancien PDG de Lockheed Martin.
[6] En valeur corrigée de 2005.
[7] Le célèbre Apollo 13, sorti en 1995, avec Tom Hanks.
[8] J’exagère un peu. La seule véritable retombée, de mon point de vue, a été la capacité nouvelle à l’époque d’organiser de grands projets. Cependant cette capacité existe bel et bien sans intervention de l’état, non ?
[9] Apollo 20 fut la première à être annulée en janvier 1970. Apollo 18 et 19 suivirent en septembre de la même année.
[10] Comme dans le film Avatar de James Cameron. Les humains colonisent la planète pour extraire un minerai fictif, l’unobtainium, qui sert de source d’énergie.
[11] Le nombre de missions futures a été fortement réduit et il n’en est prévu que deux pour la décennie à venir.
[12] La Chine qui veut aller planter des choux là-bas… Rouges cela va de soi.
[13] Le coût de ce projet international, financé par une dizaine de pays avoisine des montants sensiblement similaires au programme Apollo. Un peu cher, donc, pour aller jouer avec des éprouvettes alors que ces expériences pourraient être conduites sur Terre, dans des laboratoires reproduisant les conditions de l'apesanteur...