Alors que sort, sur les écrans de cinéma, une nouvelle aventure du plus célèbre des Kryptoniens [1], l'occasion est grande de dresser une petite analyse de cet extraterrestre, doté de pouvoirs extraordinaires. C'est ce que je me propose de faire dans ce billet, choisissant d'établir des liens qui, pour moi, rendent le personnage de Superman bien plus intéressant que ce simple super-héros affublé d'un slip rouge.
Krypton : une nouvelle Atlantide ?
Superman, ou de son véritable nom Kal-El, est originaire d'une planète nommée Krypton [2]. Ses habitants, sont à la tête d'une civilisation florissante et très avancée sur le plan des sciences et techniques. Pendant sa période faste, la société kryptonienne a exploré (voire colonisé selon les versions) de nombreux mondes, disséminés dans plusieurs galaxies. Son rayonnement culturel n'est pas sans rappeler l'île de l'Atlantide, décrite jadis par le philosophe grec Platon [3], et qui elle aussi semblait constituer un monde idyllique.
Pourtant, tout comme son homologue terrestre engloutie sous les eaux, selon la légende bien connue, Krypton n'a pas su, ou voulu voir sa destruction malgré les alertes répétées de Jor-El, le père de notre héros.
Ayant pris conscience de cette fin tragique, Jor-El fabrique, à la hâte, un vaisseau spatial chargé de mettre à l'abri son jeune fils. A son bord, il place aussi toutes les connaissances accumulées par les Kryptoniens pendant des millénaires. Ce vaisseau, chargé de sa précieuse cargaison, parvient à décoller juste à temps, laissant derrière lui les débris de la défunte planète. Aucun autre habitant ne réussit à faire de même. Kal-El devient donc l'unique survivant de son monde et l'ultime gardien de sa civilisation [4].
Le fils de l'Homme
Arrivé sur notre bonne vieille planète bleue, le jeune Kal-El est recueilli par un couple de fermiers du Kansas, les Kent. Ces derniers, ignorant tout de ses origines, le rebaptisent Clark et l'élèvent comme leur propre fils. En grandissant, ils découvrent vite que le jeune garçon possède des aptitudes étonnantes : endurance, vitesse,... [5]. Ayant peur que cela ne soit découvert par les autorités, les Kent dissuadent Clark d'utiliser ses facultés en public.
A l'âge adulte, un événement viendra, pourtant, perturber cette vie tranquille : la mort de son père nourricier, Jonathan Kent. En perte de repères, Clark quitte la ferme familiale et part à la recherche de ses origines. Pourvu d'un cristal mémoire [6], il fait route vers le nord et finit par y bâtir la fameuse Forteresse de Solitude. C'est là qu'il rencontre l'ombre de son père biologique, Jor-El, avec qui il entame un apprentissage initiatique d'une durée de 12 ans.
Cette période, est retracée dans le premier film, celui de 1978 [7]. Jor-El y évoque la rôle qu'il souhaite voir jouer à son fils, sur Terre. Sa pensée est résumée dans la phrase suivante : "Ils sont capables de grandeur, Kal-El, ils en ont la volonté. Il ne leur manque que la lumière pour leur montrer la voie. Pour cette raison d'abord et pour leur aptitude au bien, c'est toi que je leur ai envoyé... toi, mon fils unique" [8]. L'image du fils unique, envoyé par le père pour guider un peuple, rappelle une idée présente à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament [9]. Superman peut donc être perçu comme une figure christique, un messie envoyé sur Terre pour sauver une humanité qui sombre dans la haine [10].
La création du personnage s'inscrit d'ailleurs dans cette logique. En effet, lors de sa première publication en 1938, le monde et l'Europe plus particulièrement, sont sur le point d'entrer en guerre, la plus meurtrière, qu'ait jamais connue l'humanité.
Sa formation achevée, Clark quitte la Forteresse de Solitude âgé d'environ 30 ans. C'est à ce moment, qu'il se révèle au monde, sortant en quelque sorte de sa retraite spirituelle, pour entrer dans sa vie publique. Comme Jésus de Nazareth avant lui [11]. Afin de protéger ceux qui lui sont chers, le jeune homme, use d'une double identité lui permettant de passer inaperçu aux yeux de la plupart des gens.
Cette période, est retracée dans le premier film, celui de 1978 [7]. Jor-El y évoque la rôle qu'il souhaite voir jouer à son fils, sur Terre. Sa pensée est résumée dans la phrase suivante : "Ils sont capables de grandeur, Kal-El, ils en ont la volonté. Il ne leur manque que la lumière pour leur montrer la voie. Pour cette raison d'abord et pour leur aptitude au bien, c'est toi que je leur ai envoyé... toi, mon fils unique" [8]. L'image du fils unique, envoyé par le père pour guider un peuple, rappelle une idée présente à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament [9]. Superman peut donc être perçu comme une figure christique, un messie envoyé sur Terre pour sauver une humanité qui sombre dans la haine [10].
La création du personnage s'inscrit d'ailleurs dans cette logique. En effet, lors de sa première publication en 1938, le monde et l'Europe plus particulièrement, sont sur le point d'entrer en guerre, la plus meurtrière, qu'ait jamais connue l'humanité.
Sa formation achevée, Clark quitte la Forteresse de Solitude âgé d'environ 30 ans. C'est à ce moment, qu'il se révèle au monde, sortant en quelque sorte de sa retraite spirituelle, pour entrer dans sa vie publique. Comme Jésus de Nazareth avant lui [11]. Afin de protéger ceux qui lui sont chers, le jeune homme, use d'une double identité lui permettant de passer inaperçu aux yeux de la plupart des gens.
Aux yeux du monde
Dès son premier coup d'éclat, Superman qui porte désormais son célèbre costume rouge et bleu [12], attire la curiosité des habitants de Metropolis [13], la ville où il vit désormais.
Cette curiosité se manifeste de différentes manières. Par exemple, le rédacteur en chef du Daily Planet, Perry White, cherchera par tous les moyens à obtenir une interview du héros. Pour motiver ses troupes, il prononce d'ailleurs cette phrase : "Celui qui me rapportera une interview... aura fait la plus grande interview depuis celle que Dieu à accorder à Moïse" [14]. C'est finalement, Lois Lane qui fera cette interview. L'article "J'ai passé la nuit avec Superman" [15] lui assurera, dès lors, une notoriété sans précédent. Elle deviendra l'interlocutrice privilégiée de Superman, sans savoir que derrière lui se cache son collègue et ami journaliste Clark Kent. L'homme d'acier ira jusqu'à perdre ces pouvoirs pour sa bien-aimée [16], devenant ainsi un être humain à part entière.
A contrario, d'autres ne cesseront de vouloir la perte de Superman qui devra combattre les ennemis plus démoniaques les uns que les autres. De Lex Luthor, symbole de la mégalomanie [17], au Général Zod, un Kryptonien, comme lui, et autrefois adversaire de son défunt père [18], Superman devra à chaque fois recourir à ses immenses pouvoirs pour contrer la menace qu'ils font peser sur le monde.
Sa disparition, voire sa mort, a plusieurs été mise en scène depuis sa création [19]. Elle est d'ailleurs l'un des thèmes du film Superman Returns [20]. Dans ce film, Superman a quitté la Terre depuis cinq années. A son retour, il découvre que le monde a appris à vivre sans sa présence. Lois Lane, elle-même, a fait paraître un article intitulé "Pourquoi le monde n'a pas besoin de Superman ?" [21]. Pourtant, sa soudaine réapparition provoque un nouvel engouement autour de sa personne. Sa présence rassurante offre à nouveau l'espoir pour la population qui ne cesse de faire appel à lui. Se rendant compte de son erreur, la journaliste essaiera de faire paraître un contre-article. Dans le dernier film, on pousse encore plus loin le symbole en affirmant que le célèbre "S" gravé sur le costume du héros signifie espoir en kryptonien...
Et l'espoir que dégage le personnage dépasse, de très loin, son propre univers. Ses créateurs, eux-mêmes, Joe Shuster et Jerry Siegel [22], tous deux d'origine juive y ont très certainement projetés leurs aspirations personnelles, au moment où la montée de l’antisémitisme se faisait plus pressante que jamais, y compris en Amérique.
Aujourd'hui encore, cet espoir est plus que jamais d'actualité, tant les individus sont constamment à la recherche de guides pour les mener hors des périodes troubles, que ce soit des guerres, des tensions sociales ou bien des récessions économiques. Ce n'est donc pas un hasard si l'Afrique du Sud prie, en ce moment même, pour Nelson Mandela...
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Cette curiosité se manifeste de différentes manières. Par exemple, le rédacteur en chef du Daily Planet, Perry White, cherchera par tous les moyens à obtenir une interview du héros. Pour motiver ses troupes, il prononce d'ailleurs cette phrase : "Celui qui me rapportera une interview... aura fait la plus grande interview depuis celle que Dieu à accorder à Moïse" [14]. C'est finalement, Lois Lane qui fera cette interview. L'article "J'ai passé la nuit avec Superman" [15] lui assurera, dès lors, une notoriété sans précédent. Elle deviendra l'interlocutrice privilégiée de Superman, sans savoir que derrière lui se cache son collègue et ami journaliste Clark Kent. L'homme d'acier ira jusqu'à perdre ces pouvoirs pour sa bien-aimée [16], devenant ainsi un être humain à part entière.
A contrario, d'autres ne cesseront de vouloir la perte de Superman qui devra combattre les ennemis plus démoniaques les uns que les autres. De Lex Luthor, symbole de la mégalomanie [17], au Général Zod, un Kryptonien, comme lui, et autrefois adversaire de son défunt père [18], Superman devra à chaque fois recourir à ses immenses pouvoirs pour contrer la menace qu'ils font peser sur le monde.
Symbole d'espoir
Sa disparition, voire sa mort, a plusieurs été mise en scène depuis sa création [19]. Elle est d'ailleurs l'un des thèmes du film Superman Returns [20]. Dans ce film, Superman a quitté la Terre depuis cinq années. A son retour, il découvre que le monde a appris à vivre sans sa présence. Lois Lane, elle-même, a fait paraître un article intitulé "Pourquoi le monde n'a pas besoin de Superman ?" [21]. Pourtant, sa soudaine réapparition provoque un nouvel engouement autour de sa personne. Sa présence rassurante offre à nouveau l'espoir pour la population qui ne cesse de faire appel à lui. Se rendant compte de son erreur, la journaliste essaiera de faire paraître un contre-article. Dans le dernier film, on pousse encore plus loin le symbole en affirmant que le célèbre "S" gravé sur le costume du héros signifie espoir en kryptonien...
Et l'espoir que dégage le personnage dépasse, de très loin, son propre univers. Ses créateurs, eux-mêmes, Joe Shuster et Jerry Siegel [22], tous deux d'origine juive y ont très certainement projetés leurs aspirations personnelles, au moment où la montée de l’antisémitisme se faisait plus pressante que jamais, y compris en Amérique.
Aujourd'hui encore, cet espoir est plus que jamais d'actualité, tant les individus sont constamment à la recherche de guides pour les mener hors des périodes troubles, que ce soit des guerres, des tensions sociales ou bien des récessions économiques. Ce n'est donc pas un hasard si l'Afrique du Sud prie, en ce moment même, pour Nelson Mandela...
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[1] Man of Steel de Zach Snyder avec Henry Cavill dans le rôle de Superman.
[2] Le krypton est un gaz rare.
[2] Le krypton est un gaz rare.
[3] Il fait mention de cette île fabuleuse dans deux ouvrages : Timée et Critias.
[4] Du moins le croit-on à ce moment de l'histoire.
[5] Ces pouvoirs proviennent de la nature de notre Soleil, jaune, différent de celui autour duquel gravite Krypton. Il bénéficie de capacités physiques qui le rendent quasi-invulnérable.
[6] Les concepts de mémoire dite holographique ne sont pas de la science-fiction.
[7] Superman (1978) de Richard Donner, avec Marlon Brando dans le rôle de Jor-El.
[5] Ces pouvoirs proviennent de la nature de notre Soleil, jaune, différent de celui autour duquel gravite Krypton. Il bénéficie de capacités physiques qui le rendent quasi-invulnérable.
[6] Les concepts de mémoire dite holographique ne sont pas de la science-fiction.
[7] Superman (1978) de Richard Donner, avec Marlon Brando dans le rôle de Jor-El.
[8] En anglais, la phrase est la suivante : "They can be a great people, Kal-El, they wish to be. They only lack the light to show the way. For this reason above all, their capacity for good, I have send them you... my only son".
[9] Par exemple dans le Crédo (appelé aussi symbole de Nicée), du latin "je crois".
[10] L'image est également présente dans la mythologie grecque avec le personnage d'Héraclès, fils du roi des dieux, Zeus ou dans la mythologie scandinave avec Thor, fils d'Odin.
[11] D'après les écrits bibliques à nouveau.
[12] Apparemment taillé dans un tissu très résistant...
[9] Par exemple dans le Crédo (appelé aussi symbole de Nicée), du latin "je crois".
[10] L'image est également présente dans la mythologie grecque avec le personnage d'Héraclès, fils du roi des dieux, Zeus ou dans la mythologie scandinave avec Thor, fils d'Odin.
[11] D'après les écrits bibliques à nouveau.
[12] Apparemment taillé dans un tissu très résistant...
[13] Metropolis est inspirée de plusieurs villes américaines et notamment de celle de New-York.
[14] Perry White fait ici référence à la transmission par l’Éternel des tables de la loi (Les Dix Commandements) à Moïse après la fuite d'Egypte (L'Exode dans l'Ancien Testament).
[15] En anglais "I spent the night with Superman".
[16] Dans le deuxième film, Superman II, datant de 1980 et réalisé par Richard Lester.
[17] Incarné par Gene Hackman dans le film de 1978. Kevin Spacey lui succédera dans la version de 2006.
[18] De là, à y voir la personnification du Diable en personne, il n'y a qu'un pas que je vous laisserais, ou non, franchir.
[19] En octobre 92, une série ayant pour titre La mort de Superman est lancée aux Etats-Unis dans le but de donner un coup de fouet aux ventes.
[20] Sorti en 2006 et réalisé par Bryan Singer, le film sera un échec commercial. Il se positionnait comme une suite possible des deux premiers opus.
[21] En anglais "Why the world doesn't need Superman ?".
[22] Joe Shuster (1914-1992) ; Jerry Siegel (1914-1996).
[14] Perry White fait ici référence à la transmission par l’Éternel des tables de la loi (Les Dix Commandements) à Moïse après la fuite d'Egypte (L'Exode dans l'Ancien Testament).
[15] En anglais "I spent the night with Superman".
[16] Dans le deuxième film, Superman II, datant de 1980 et réalisé par Richard Lester.
[17] Incarné par Gene Hackman dans le film de 1978. Kevin Spacey lui succédera dans la version de 2006.
[18] De là, à y voir la personnification du Diable en personne, il n'y a qu'un pas que je vous laisserais, ou non, franchir.
[19] En octobre 92, une série ayant pour titre La mort de Superman est lancée aux Etats-Unis dans le but de donner un coup de fouet aux ventes.
[20] Sorti en 2006 et réalisé par Bryan Singer, le film sera un échec commercial. Il se positionnait comme une suite possible des deux premiers opus.
[21] En anglais "Why the world doesn't need Superman ?".
[22] Joe Shuster (1914-1992) ; Jerry Siegel (1914-1996).
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